• AUDE : Belibaste dernier fou de Dieu.

     

    Belibaste et Villerouge-Thermenès

     

    Belibaste et Villerouge-Thermenès

    Belibaste et Villerouge-Thermenès

     
     

    L’imposant château de Villerouge-Thermenes est reconnu comme l’un des plus beaux châteaux d’architecture militaire médiévale du Languedoc. Il domine le cœur du village depuis le XIIIème siècle.

    Autrefois possession de l’archevêché de Narbonne et donc sous l’égide d’une église catholique toute puissance ;le village est pourtant étroitement lié avec la fin du catharisme. 
     

    Belibaste et Villerouge-Thermenès

     

    Un parcours scénographique retrace le destin de Guilhem Bélibate, le dernier de la longue lignée de ces fous de Dieux que l’on appelait les parfaits cathares. Oui Bélibaste était le dernier Parfait Cathare et il n’était pas fait pour ce rôle écrasant. Un paysan, voilà ce qu’il était…un paysan qui s’occupait des troupeaux de la famille, une famille d’hérétiques, donc de gens qui devaient se méfier de tout en cette fin du XIIIème siècle.

     

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    Guilhem Bélibaste naît vers 1280 à Cubières, un village du Razès (Aude). Sa famille, des paysans aisés, est totalement acquise au catharisme. A Cubières, les Bélibaste reçoivent de nombreux parfaits de marque comme Pierre Autier et Philippe d’Alayrac. Les frères de Guilhem, bergers, accompagnent même fréquemment certains de ces parfaits dans leurs tournées clandestines. En effet, malgré les efforts de l’église catholique depuis presque un siècle pour éliminer l’hérésie cathare, celle-ci est encore bien vivace et se développe même à nouveau en Ariège et en Razès grâce à la prédication des frères Autier.

     

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    L’église catholique règne. L’inquisition brûle tout ce qui lui parait suspect. Les derniers hérétiques sont des bêtes traquées et c’est sans doute pour cela que Guihem vers 1305 est amené à tuer un homme.

     

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    Au cours d’une rixe il tue un berger de Villerouge-Termenès. Une procédure judiciaire est lancée contre lui. L’archevêque de Narbonne, seigneur de Villerouge et de Cubières le reconnaît coupable et confisque ses biens. Pour sauver sa peau, Bélibaste abandonne sa femme, son fils, et rentre dans la clandestinité auprès des parfaits cathares.

     

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    Un parfait, Philippe d’Alairac vient visiter clandestinement la famille Bélibaste après le drame et dit à Guilhem « Tu peux fuir et trainer une vie désormais inutile mais tu peux aussi me suivre et venir avec moi à Rabastens . Et Bélibaste choisit. Il part avec Philippe dans sa maison de Rabastens et là Philippe d’Alairac instruit Guilhem le berger. Il l’initie, il fait de lui un Parfait…

     

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    Un jour ce qui doit arriver arrive. Le pays est truffé d’espions. L’inquisition paie grassement les dénonciateurs. Bélibaste et d’Alairac sont arrêtés et menés à la prison de Carcassonne. L’histoire pourrait finir là. En fait c’est l’aventure qui commence.

     

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    Les deux compagnons parviennent en 1309 à s’ échapper et se réfugient en Catalogne dans le comté d’Ampurias. Quand Philippe d’Alairac retourne dans le royaume de France exercer son ministère, Bélibaste, moins courageux, préfère ne pas l’accompagner. Bien lui en prend car peu de temps après, il apprend l’arrestation et la mort sur le bûcher de son ancien compagnon.

    Fuyant l’insécurité, il s’éloigne par étapes de la frontière où il risque d’être reconnu et arrêté. Par précaution il change aussi de nom : il se fait appeler Pierre Penchenier, nom inspiré de son nouveau métier, fabricant de peignes de tisserands. Il se loue aussi parfois pour des travaux saisonniers dans les vignes ou travaille comme berger près de Poblet avec son ami Pierre Maury.

     

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    En 1314 il se fixe à Morella, dans le royaume de Valence. En effet, dans le village voisin de San Matéo vit une petite communauté de cathares occitans en exil, pour la plupart originaires de Montaillou (Ariège), et dont il devient le pasteur. Au sein de cette communauté il abuse parfois de son autorité spirituelle, notamment avec son ami Pierre Maury trop généreux : Ce dernier raconte : " Comme nous avions acheté en indivision, Bélibaste et moi, six brebis, dont j’avais entièrement payé le prix (et je lui avait donné en outre cinq sous), l’hérétique voulut emmener avec lui trois brebis sur ces six, disant qu’elles étaient à lui, et que je lui avais donné l’argent de ces brebis et les cinq sous pour l’amour de Dieu. ". Pour donner le change aux catholiques, il fait croire qu’il est marié en vivant avec une veuve, Raimonde Marti, et sa fille. En réalité Raimonde Marti est sa concubine depuis plusieurs années et tombe enceinte en 1320. Pour donner le change cette fois-ci aux cathares, car il a rompu son voeu de chasteté, il la marie à son ami Pierre Maury qui endosse la paternité, puis, jaloux, défait ce mariage.

     

    Belibaste et Villerouge-Thermenès

      Cependant, il prend au sérieux son rôle de pasteur. Il prêche, bénit, administre le consolament (sacrement cathare) aux mourants et reçoit régulièrement des croyants parmi lesquels Arnaud Sicre, dont la mère est morte sur le bûcher. A ce dernier il enseigne à sa manière, naïve, populaire mais imaginative, les croyances de sa religion 
     

    Belibaste et Villerouge-Thermenès

     

    En réalité Arnaud Sicre n’est là que pour gagner la confiance de Bélibaste, le faire arrêter, et se faire restituer les biens confisqués à sa mère par l’inquisiteur qui l’a envoyé.

    Bélibaste, qui malgré les entorses à la règle désire rencontrer d'autres parfaits pour se faire réordonner, se laisse convaincre par Arnaud Sicre de revenir en Languedoc. Sur le chemin à Tirvia dans le diocèse d'Urgell, en mars ou avril 1321, Arnaud Sicre le dénonce au bayle du comte de Foix, seigneur du lieu. Arrêté, conduit à Castelbon, il est emprisonné dans la tour du château avec -comme cela est de coutume- son dénonciateur. Pendant la nuit Bélibaste tente vainement de convaincre Arnaud de recevoir le consolament, et de se suicider ensemble du haut de la tour pour entrer directement au ciel. Jugé à Carcassonne, Bélibaste est brûlé le 24 août de la même année dans le château de Villerouge-Termenès, résidence de l'archevêque de Narbonne son seigneur, qui l'avait déjà condamné pour meurtre.

    Avec Bélibaste disparaît l'église cathare occitane