• Façon de parler "Ajouter sa pierre..."

     

     

     

    Chaque année au bord de l’étang quelqu’un s’amuse à amasser des pierres, les superposant en équilibre avec patience et méthode. Je me suis dit qu’il serait intéressant de les photographier pour vous les présenter. Malheureusement le jour où j’ai voulu le faire, l’eau de l’étang avait montée. On ne voyait plus que les deux pierres supérieures du monticule. Moi qui me posais la question de savoir à quoi pouvait servir ces « montages » j’avais là une réponse à ma question. Ce jour-là elles témoignaient de la montée des eaux de l’étang.

    Ces pyramides sont là comme des sentinelles jusqu’au jour où, quelqu’un, par jeu s’amuse à les démanteler. Le jeu du « démontage » fait suite au jeu du « montage ». Il faut bien reconnaître que ce dernier est bien plus difficile que le précédent. Il faut trouver la bonne pierre quant à sa forme et à sa taille, la poser délicatement pour qu’elle se maintienne en équilibre avant qu’elle-même assure l’équilibre de la suivante. Alors que je regardais une de ces tours l’expression « ajouter sa pierre à l’édifice » m’est venue à l’esprit. Le dictionnaire nous dit que c’est « contribuer à un projet » : un travail de bâtisseur en quelque sorte. A l’extrême cette pyramide me faisait penser au projet qui consiste à faire quelque chose de notre vie en choisissant un à un les chemins qui se présentent à nous avec le souci de maintenir un équilibre de vie. Là ce ne sont pas des chemins mais des pierres qu’il faut choisir. Est-ce par analogie que le concepteur de ces tours renouvelle chaque année son expérience ?

    J’ai pu lire que dans certaines régions on utilise des pierres pour surveiller le niveau des rivières. Cela s’applique tout particulièrement dans les régions entourées de glaciers. La fonte des neiges peut faire très rapidement gonfler les rivières qui deviennent infranchissables. Nous avons pu découvrir au cours de ballades ou de randonnées des petits tas de pierres en équilibre. Le plus souvent ils indiquent le chemin à suivre…tout particulièrement aux endroits ou le balisage traditionnel est impossible. Il est évident que dans ces cas, déplacer le tas serait jouer un « sale » tour au marcheur suivant en le privant d’une indication précieuse pour trouver la bonne direction. Il est de tradition, là aussi, de déposer une nouvelle pierre sur la pyramide existante. Des pierres il y en a partout. Il faut simplement, sans toucher au tas existant leur trouver la position qui leur permet un équilibre aussi durable que possible…ce n’est pas toujours facile et cela explique que les pyramides se transforment, avec le temps en des tas diformes.

    Je suis persuadé que des randonneurs amoureux de certains sentiers ont la curiosité de venir contrôler si le tas laissé à leur dernier passage existe toujours : un « retour en arrière  » en quelque sorte, comme on la fait parfois virtuellement dans sa vie pour « voir  si les choses ont changé ».

    Extrait de  http://coulon59.unblog.fr/le-pigeon-voyageur-et-le-centenaire-de-larmistice-1914-1918/