• MONDOVI - LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

     

     

    Sommaire

     

     

     

     

     

       

      

     

     

     

     

     

     

     

    A
    B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

     

     Les mots sont classés dans l'ordre alphabétique. Cliquez sur une lettre au fond coloré !!!

     

     

      ABRICOT

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE - ABRICOT

      

    Tout le monde connaît ce fruit présent sur tous
    les marchés dès le mois de juin. En Algérie on en mangeait au mois de mai. On peut le déguster tel que, en faire de bonnes tartes où bien déguster sa confiture

    Il existe plusieurs espèces d'abricots. Il parait que les meilleurs ne sont pas les plus gros. On dit que l'un des plus goûteux est l'abricot du Roussillon. Il est de taille moyenne. Sa peau est couverte de taches brunes.

    Mais, si j'inscrit le nom de ce fruit dans le lexique de mon enfance ce n'est pas pour sa chair. C'est son noyau qui m'intéresse. A la maison, lorsque nous mangions des abricots, il ne fallait surtout pas jeter les noyaux. Je les trempais dans l'eau, je les brossais et je les mettais à sécher au soleil .

    Alors que je fréquentais l'école primaire et même en sixième au lycée,  je  possédais un sac plein de noyaux d'abricots, un de ces sacs dans lequel ma mère stockait sa réserve de haricots blancs. Un sac c'était plus pratique qu'une boîte. Je me rappelle qu'au lycée, le sac prenait grand place parmi mes livres et cahiers dans le casier.

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE - ABRICOT

    Que faisait-on avec ces noyaux ?

    Un des jeux, dans la cour de récréation,  consistait à s'installer au pied d'un mur et à faire un tas avec 4 noyaux. Le tas était en quelque sorte mis en jeu.

    Placé à environ 2 mètres du tas, le joueur (client) lancé un à un ses propres noyaux jusqu'à disloquer le tas. Lorsqu'il arrivait à briser le tas, il emportait les 4 noyaux.. Avec un seul noyau on pouvait donc en emporter 4...à condition d'être adroit. Pour amenuiser les chances de gains du client, le 4 noyaux constituant le tas étaient les plus petits possibles . Les noyaux lancés sans succès étaient empochés par "le banquier" qui augmentait ainsi son capital noyaux.. Il arrivait cependant, face un client adroit, que le banquier face banqueroute. Il n'avait plus, alors qu'à quitter le pied de son mur pour renflouer sa bourse de noyaux.

     Un autre jeu, plus actif mettait tête à tête
    deux possesseurs de noyaux. Chacun mettait au pied du mur un petit noyau ...le plus petit qu'il puisse trouver dans sa réserve pour servir de cible à l'adversaire. Les deux joueurs lançaient alors un à un des noyaux jusqu'à toucher le noyau adverse...Vous avez compris pourquoi il le fallait le plus petit possible. Le premier joueur qui "bousculait" le noyau adverse avait le droit de ramasser tous les noyaux qui avaient été lancés sans succès par les deux concurrents.

     Le jeu donnait lieu à des parties acharnées qui
    offraient un véritable spectacle prouvant que l'amour du gain n'est pas
    toujours lié à la  valeur de l'enjeu.
    Comme tous les jeux de la cour de récréation le jeu des noyaux d'abricots avait
    sa période de mode qui s'entamait au mois de mai pour finir avec  l'année scolaire

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       BABAU (lire BABAOU)LE BABAU

    Nous étions en voyage de retour de la principauté d’Andorre où nous avions passé une semaine. En rentrant à RIVESALTES nous avons découvert une atmosphère de fête. En travers de la grande place des guirlandes étaient accrochées aux platanes. Une estrade laissait présager un bal populaire. D’un arbre à l’autre, les alignements de lampes multicolores éclairaient les stands alignés de part et d’autre de la promenade. Au cœur de la place, sur une immense banderole était inscrit en grosses lettres « LA FÊTE DU BABAU ». Le BABAU qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? A notre question qui, après coup me parut ridicule, un vieux monsieur installé sur un banc à l’ombre d’un platane, nous répondit.

    « On ne dit pas BABAU (BABO). Il faut dire « BABAOU ».

    BABAOU…mais oui bien sûr…Voilà un mot que j’avais entendu de nombreuses fois au cours de mon enfance… « Si tu n’es pas sage on va appeler le BABAU »…La seule chose que je savais du BABAU, c’est qu’il se chargeait  des enfants turbulents. Je ne me suis jamais posé la question de savoir quelle tête il avait, s’il marchait ou s’il volait, s’il parlait ou s’il chantait. Cinquante ans après, voilà que l’on reparlait du BABAU, un mot devenu tabou parce que je pensais encore que c’était une invention des français de là-bas…je veux parler de l’Algérie. Le BABAU, en France pas question LES DENTS DU BABAUd’en parler de peur de se ridiculiser. Voilà que l’on reparlait de cet être resté virtuel dans mon esprit pendant si longtemps. Il y avait donc, entre les Roussillonnais et moi quelque chose de commun : le BABAU. Maintenant je pouvais dire à qui voulait m’entendre que le BABAU, je connaissais. Du coup, de façon légitime je me suis vraiment posé la question de savoir qui était « BABAU » ?

      

    Un prospectus de l’office de tourisme m’a donné la réponse. En voici un résumé.

    Dans la nuit très froide du 2 au 3 février 1290 on entendit près des remparts de Rivesaltes un énorme bruit de pierres, comme si une maison s’écroulait. Puis il y eut des cris étouffés d’enfants…quelques secondes après à nouveau des bruits de pierres puis plus rien : un silence de morts. Effrayés, les gens du quartier sortant de chez eux, se rendirent compte que 6 enfants avaient disparu. Quelque chose, quelqu’un, probablement une bête était passé par un trou de la muraille de la ville, l’agrandissant au passage.

    Les deux nuits suivantes, la bête fit à nouveau son apparition. Ces visites permirent de constater que c’était un espèce de monstre énorme qui ressemblait à un iguane préhistorique. Un des veilleurs à qui on demandait de la décrire était tellement effrayé qu’il se mit à bégayer et ne put  prononcer que le mot « VAVAU » (lire « BABAOU »)...le mot est resté...

    La quatrième nuit on décida de tendre un piège à la bête. On plaça devant le trou de la muraille un porcelet. Ce qui était prévu arriva. Le monstre se précipita sur le porcelet. Le seigneur d’un village voisin, courageux et fin tireur d’arbalète, lui décocha une flèche en pleine gueule ouverte. Se trainant, le monstre alla mourir un peu plus loin.LE BABAU

    Heureux de s’être débarrassés de cet  être indésirable, les habitants de la cité firent la fête. Chaque année « LA FÊTE DU BABAU » fait revivre les temps forts du conte médiéval. Le BABAU, monstre mi- iguane, mi- dragon, est sacrifié le dernier soir des festivités dans un embrasement pyrotechnique.

    Cette année-là ,un moment de mon enfance renaissait. Avant que BABAU s’en aille en fumée  sous mes yeux, j’eus enfin l’occasion de le connaître et de voir  à quoi il ressemblait. Je peux maintenant vous décrire "BABAU" et c'est un plaisir de vous en parler.

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    BOU SETTA

    On trouve souvent des noms de famille arabes composés du préfixe « BOU » qui  signifie  « père de ». Ainsi, le nom d’un individu se nommant « BOUAZIZ » signifie « le père » d’AZIZ..

    Au Maghreb « BOU » est aussi un préfixe que les gens accolent à une personne pour dire « celui qui possède…). Ainsi « BOU CHARTA » signifie « celui qui porte une cicatrice » ou « celui de la cicatrice ».

    Le bou au Maghreb peut donc signifier  "père de" mais aussi "qui possède"(généralement une qualité physique ou morale).

     BOU TEFLIQUA  devrait découler d'un surnom puisque ça signifie "celui qui a une bosse/blessure sur la tête"

     On s’aperçoit donc que certains noms maghrébins, découlent  de surnoms (souvent péjoratifs) qui n'ont rien à voir avec l'origine tribale ou la filiation.

    Vous avez peut-être deviné que le mot BOU SETTA que j’inclus dans le « LEXIQUE DE MON ENFANCE » est en fait un nom. C'est celui  qu’on « affublait » à une personne du village où je vivais. Si on en croit les explications données plus haut, cette personne avait une particularité.

    Le mot setta est un mot arabe  signifiant : Demi – douzaine.

    BOU SETTA signifie donc « celui qui en a une demi-douzaine » ou plus simplement « celui qui en a six ».

     Que peut-on avoir sur nous, par demi-douzaine ?

    Il s’agit tout simplement de doigts. BOU SETTA avait six doigts par main dont un beaucoup plus petit que votre auriculaire…c'est pratique pour « fouiller » dans l’oreille. Ses pieds comptaient aussi six orteils. C’était un gaillard capable de remuer des montagnes à condition qu’on lui indique s’il fallait les pousser ou les tirer et dans quel sens il fallait le faire…

    LE LEXIQUE DE NOTRE ENFANCE

     

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    BOUSSADIA

    "BOUSSADIA", je suis à peu près sûr que vous ne savez pas qui c'est..

    Moi, "BOUSSADIA" , je l'ai connu très jeune. Ma mère l'évoquait souvent. Cela se faisait quand je n'étais pas sage.

    J'avais compris "à la longue" que c'était un espèce de justicier qui avait le pouvoir de mettre les enfants dans le droit chemin. A la limite, il prenait les affaires en main pour remplacer les parents.

    Il y a des choses qu'on ne prend pas le temps d'approfondir quand on se sent fautif. C'est le cas du "BOUSSADIA". J'aurais pu me demander quel genre de bête c'était ou quel individu. Pendant longtemps  cela ne m'est pas venu à l'esprit. Pendant longtemps il s'est disputé le vedettariat avec Babau (Babaou) qui était employé dans les mêmes circonstances. J'ai parlé du "Babaou", reste à évoquer "BOUSSADIA".

    Ce personnage - puisque je sais maintenant que c'est un personnage- allier bénéfique pour les parents et maléfique pour les enfants, faisait donc partie de mon monde virtuel jusqu'à ce qu'un évènement survienne un beau jour.

    Il était dix-huit heures je rentrai de l'école en traversant comme d'habitude le quartier majoritairement peuplé d'indigènes. Je faisais le trajet quatre fois dans la journée et c'était la hantise de ma mère. Cela s'explique par le fait qu'elle avait toujours peur que quelque chose m'arrive.. principalement quand le jour déclinait. Il est vrai que les derniers évènements dramatiques relatés dans la presse pouvaient faire craindre le pire pour une mère. Toute la France avait été choquée par les atrocités dont furent victimes des "soldats du contingent" dans la région  entre le Constantinois et l'Algérois. Elle soufflait de soulagement à chaque fois qu'elle me voyait rentrer de l'école.

    Ce jour-là, par contre, mon intrusion précipitée dans la modeste maison que nous occupions lui coupa le souffle alors que j'avais du mal à reprendre le mien.

    - Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?

     Je venais certainement de battre le record de vitesse de tous les sprints volontaires ou forcés de ma courte vie. J'avais 8ans et je fréquentais l'école de garçons du village. Une bonne partie du trajet se faisait dans le quartier plutôt calme occupé par les "Européens". La rue Albert Camus marquait la transition avec le quartier indigène. C'est en entamant cette rue qu'un personnage hors du commun me surprit. Avant de le découvrir j'entendais une sorte de psalmodie monocorde ressemblant au chant coranique entonné par les élèves de l'école implantée pas loin de la maison. Couvert de fanfreluches, des peaux de bêtes autour de la taille, la tête coiffée de rubans mal ficelés, l'individu était assis contre le mur, tout près de la porte d'une habitation. 

    Désagréablement surpris par cette apparition je me mis à siffler pour me donner une contenance et couvrir ma peur tout en essayant de marcher normalement. Mais au moment où j'étais à son niveau l'homme se mit sur pieds, extirpant de son accoutrement un lourd bâton d'une section respectable. Le bâton passa très près du béret que je portais à cette époque. A défaut d'atterrir sur mon crâne, il finit sa course sur le bitume...parce que l'homme l'avait bien voulu. C'est là que je mis mes jambes à mon cou pour parcourir le plus rapidement possible les quelques mètres qui me séparaient de la maison. Sans doute l'homme avait-il pris mon sifflement troublant le rituel de sa mendicité pour une provocation ou une moquerie

    Le soir, à table, mon auditoire s'enrichit de la présence de mon père qui écouta la même version de mon récit.

    - C'est sans doute un "Boussadia" me dit-il.

    - Un "Boussadia" ? C'est ça le "Boussadia" ? C'est le "Boussadia" dont nous parle maman ?

    - Oui ! Mais de vrais "Boussadia" on en voit de moins en moins  aujourd'hui. Autrefois ils allaient de "bled" en "bled" dans les régions isolées du Constantinois. Ils amusaient les habitants avec leurs pitreries. C'était à chaque fois un spectacle qui rompait la monotonie de la vie des villageois. La coutume voulait qu'on leur donne de quoi survivre pour payer leur prestation. "Boussadia" pratiquait une mendicité déguisée. Sa danse, ses mimiques le faisaient vivre. Il arrivait même que le "Boussadia" descende en ville pour se donner en spectacle dans les marchés. Ses excentricités plaisaient aux curieux tandis que les enfants, intrigués et craintifs se cachaient dans les larges jupes des mamans. 

    Voilà de quelle façon j'ai découvert "Boussadia".

    Une dizaine d'années plus tard je suis rentré en France. J'ai gardé "Boussadia dans mes esprits mais pas question de parler de lui de peur que l'on ricane sous mon nez.

    En fait si je l'évoque aujourd'hui c'est qu'il est toujours vivant. La preuve ? On en parle dans INTERNET.

     

     

    MONDOVI - J'ai croisé  "BOUSSADIA".

     

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    CARENA 2

     

    Caméra "Carena 2"

    Avant d’écrire les quelques lignes qui suivent j’ai voulu savoir à tout hasard, si le mot « CARENA » figurait dans les données du net. Quelle surprise de le découvrir dans plusieurs pages avec la photo que j’attendais. On a parfois raison de décrier les travers de cette immense encyclopédie mondiale que constitue « INTERNET » . Il faut cependant avouer qu’elle est un complément  majeur des moyens de recherche que constituaient déjà les livres de nos bibliothèques.

    Bien sûr, en tapant « CARENA » j’ai découvert le visage de  "Carena Franca » qui me demandait de la contacter. Il y a eu aussi, Marco Carena qui fait la promotion d’un disque et puis les coffres forts CARENA. Mais ce qui m’a époustouflé c’est de découvrir quantité de photos représentant ce qui a été mon plus beau cadeau de Noël: une caméra.

    Il s'agit d'une caméra mécanique  expédiée par la poste depuis la France et arrivée à la maison malgré une erreur dans l'adresse. L’objet était de marque GEVAERT, une société belge qui a produit durant les années 1950-60 des modèles de caméras pratiques et robustes « Carena » puis    Carena 2. Pas de piles ou d'électricité mais un ressort qu'il fallait remonter à la main pour redonner de l'énergie au moteur.

    Après le plaisir de saisir des images, j’ai passé des journées à essayer de « construire » des films.

    Ce cadeau a sans doute été celui que j'ai le plus apprécié parce qu'il a fait naître en moi la passion du film puis de la vidéo. Il m'a  permis en outre de garder une trace visuelle de beaucoup d’évènements familiaux dont j’ai été témoin.

    Les premières images que j'ai enregistrées, en 1960,  ont été celles de notre pèlerinage traditionnel à la fête de  St Augustin, ce grand personnage religieux en l’honneur duquel une basilique a été érigée au dessus de la ville romaine d’Hippone près de Bône. Le film était malheureusement encore très cher à cette époque : une sélection rigoureuse des images à enregistrer s'imposait. Ma mère ne manquait pas de me le rappeler en me répétant : « Ne gaspille pas la pellicule ». Quoi de plus frustrant quand on se sent l'âme créatrice ?

    Outre l'enregistrement, j'ai  passé de bons moments à monter mes films. Le format du film était ce qu’on appelait le "double huit". La bobine de 7 mètres cinquante faisait 16 mm de large. Il fallait la passer deux fois dans la caméra. Il fallait retourner la bobine lorsqu’elle était vide en prenant toutes les précautions d’usage pour éviter que la pellicule prenne le jour. Au développement le laboratoire  coupait la bande en deux dans le sens de la longueur pour en faire un film de 8 mm de large et 15 mètres de long. Je découpais le film en morceaux de  15, 10 voire 5 centimètres en fonction de la longueur de la séquence que j’avais prévue dans un scénario  imaginé à l’avance. J’accrochais dans l’ordre prévu, les morceaux de films à des épingles plantées dans une baguette fixée au mur. Il fallait ensuite passer  à l'assemblage par collage : travail à effectuer minutieusement pour éviter que le film ne saute lors de la projection. Un véritable travail artisanal de patience. Pas question, là non plus, de gaspiller. L'élimination de morceaux de films ne se faisait que dans les cas de force majeure : film qui a pris le jour ou vraiment raté.

    Arrivait ensuite le plaisir de la projection : un rituel. L'écran qu'il fallait installer dans une pièce où il était possible d'obtenir le noir qui garantissait l'image la plus lumineuse  possible. Les sièges en nombre suffisant pour garantir un confort minimum aux spectateurs, bien souvent acteurs pressés de se découvrir à l'écran. Et puis on entendait  le ronronnement du moteur électrique et des rouages du projecteur couverts régulièrement par des rires ou des commentaires. Parfois un collage mal réalisé entraînait une cassure  accompagnée d'un Oh !!! de déception. Il fallait alors réparer rapidement. C'était le moment d'offrir un bonbon, un chocolat ou un petit verre,  pour faire patienter les spectateurs. Avec le mot « fin » la lumière revenait et avec elle les commentaires qu'entraînaient les images du film ou  les souvenirs qu'elles suscitaient.

    Le temps qui a passé a donné aux  films  une autre dimension. Témoins de l'évolution de chacun ils sont là pour nous rappeler des évènements que nous aurions vite fait d’oublier. Ils sont en particulier la mémoire de ceux qui nous ont quittés. Tout particulièrement mes parents à qui je dois d’avoir créé une passion qui me tient toujours.

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    CREPONNE (LE)
     

    Après les vacances qu’on appelait vacances de Pâques et qui sont maintenant les vacances de printemps, une nouvelle façon de vivre naissaient. Le mois de mai, c’était le signe  des beaux jours. A l’inverse du mois d’avril il permettait, des tenues vestimentaires  plus légères. La garde robe d’été commençait donc à voir le jour. C’était  le signe d’un certain  renouveau. A Bône, le grand cours du centre ville qu’on appelait cours Bertagna (du nom d’un ancien maire de la ville) reprenait l’animation des beaux jours. Un peu à la manière des remblas espagnoles  le cours Bertagna était le lieu de rendez-vous des jeunes. On « faisait le cours » comme on peut faire les courses. Le jeudi, jour de repos , les lycéens s’y retrouvaient. Il y avait plus particulièrement, les pauvres internes dont je faisais partie, qui, à défaut de rentrer dans leur village, déambulaient l’après midi en ville.

     

    Sous les allées ombragées du cours étaient installées des terrasses qui permettaient aux promeneurs de s’installer pour se déaltérer. C’était une chose que je faisais lorsque mes moyens financiers me le permettaient. C’était alors une grande fierté en même temps qu’un plaisir extrême : le plaisir de déguster un créponné. Le créponné était un sorbet à base de citron que tous les marchands de glaces installés sur le cours confectionnaient et vendaient.

     

    Le créponné a pour particularité de contenir du blanc d’œuf qui lui donne sa texture un peu particulière. Il aurait été inventé par un oranais  professionnel du domaine des glaces et crêmes. Si, je n’ai jamais eu l’occasion, après avoir quitté Bône, de déguster un aussi bon sorbet, c’est que le créponné est le sorbet de mon enfance. Il est intimement lié au cours Bertagna, à son ambiance, à ses odeurs à son souvenir.

     La recette du créponné

     

    Ingrédients :

     2 citrons jaunes non traités

     110g de sucre en poudre

     75 cl d'eau

     1 blanc d'oeuf

     

    Temps de préparation : 15 min   Temps de cuisson : 15 min  Total : 30 min  

     

    Préparation :

     - Râpez le zeste des citrons avec une râpe à fromage.

     - Faites chauffer l’eau et le sucre, amenez l’eau jusqu’à ébullition et remuez jusqu’à ce que le sucre soit dissout dans l’eau.

     - Hors du feu ajoutez les zestes râpés, couvrez et laissez refroidir complètement pour que les zestes infusent.Ajoutez alors le jus des citrons et le blanc d’oeuf battu en neige. Le blanc va rester au dessus du mélange mais ce n’est pas grave, il se mélangera à mesure qu’on brassera la glace.

     - Ensuite mettez le mélange dans un bac au congélateur et passez-le au mixer 2 à 3 fois, au fur et à mesure que la glace prend. De cette façon vous aurez une consistance de sorbet et non de glaçon.

     - Décorez le sorbet au citron avec des feuilles de menthe et régalez vous.

      

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    DEMI-HECTARE (LE)

     

     

    A l’école on nous disait

    La figue

     

    « Pour vous souvenir du rapport qu’il y a entre les mesures agraires (ha, a ca) et les mesures de surfaces partez de l’ha. Hectare et Hectomètre carré c’est pareil (1ha = 1 hm2). Les deux mesures commencent par la même lettre.

    1hm2 = 100 dam2 = 10000m2.

    1 ha c’est donc à peu près 100m sur 100m : un morceau de terrain ridiculement petit pour un agriculteur. Inutile de faire de hautes études pour en déduire qu’un demi-hectare c’est  la moitié. Pour atteindre la ferme de mes grands-parents, il fallait quitter le village vers le sud. Dans le premier virage à droite, après le pont franchissant l'oued Guerig,  descendait sur la gauche, un chemin de terre qui permettait d'atteindre une parcelle de terre qui mesurait un demi-hectare.  Au milieu de ce terrain deux énormes figuiers exhibaient, à la belle saison, des fruits tellement gros qu'un seul suffisait à rassasier le plus difficile des gourmands. On n’avait pas le droit d’y aller en raison de  la dangerosité du lieu durant les « évènements ».La tentation et l’envie de manger une bonne figue nous poussaient souvent à traverser la ferme en courant, à nous emplir les poches de figues et à revenir le plus vite possible pour éviter que l’on découvre notre escapade. Cette parcelle de la tentation à l’écart de toutes les autres de la ferme avait pour nom « demi-hectare » c’est resté dans mon esprit d’enfant, le lieu où il était interdit de se rendre…et la figue " le fruit défendu"…C’est pourtant tellement bon une figue …à condition qu’elle soit mûre juste à point…

     

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     FIGUE DE BARBARIE
     

    FIGUE DE BARBARIE

    Avez-vous déjà mangé des figues de Barbarie ? Le fruit a une chair, tout ce qu’il y a de plus granuleux. Elle est, en effet constituée essentiellement de graines qui sont d’autant plus dures que le fruit est vert. Pour cette raison, les meilleures figues de barbarie, à mon goût, étaient celles qui étaient bien mûres. Mon père raffolait de ce fruit alors qu’il ne pouvait pas avaler une tomate parce qu’il y avait des graines à l’intérieur.

    La figue de barbarie c’est le fruit du cactus. La plante proliférait en Algérie. Il n’était pourtant pas toujours facile de trouver de beaux fruits comestibles. Certains indigènes s’en étaient fait une spécialité en les vendant sur les marchés ou en les fournissant à la demande à ceux qui voulaient en « faire une cure ». Mon père avait son producteur attitré qui les lui fournissait par cageots à la bonne saison.

    A chaque livraison le travail de préparation était immuable. Il faut surtout faire très attention aux toutes petites épines qui couvrent par plots l’enveloppe verte du fruit. Elles pénètrent dans la peau et sont très difficiles à retirer. Mon père commençait à passer les fruits au jet d’eau. Puis il s’installait avec le cageot entre les jambes. Je m’installais en face, un plat à portée de main prêt à recevoir les fruits pelés. Mon père saisissait alors les figues une à une en évitant de placer ses doigts sur les épines. Il tranchait une rondelle à chaque extrémité puis fendait la peau longitudinalement. Il ouvrait alors le fruit en saisissant la peau de chaque côté de la fente. Mon travail consistait à saisir le fruit pelé et à le placer dans le plat prévu cet effet. Ainsi on ne risquait pas de souiller la figue d’épines. Au repas qui suivait ce travail de préparation les figues étaient servies. Dans la famille à peu près tout le monde aimait plus ou moins ce fruit. Mieux valait, cependant, espacer les cures parce qu’en guise de constipation, il n’y avait pas mieux.

    Il me vient à l’esprit une mésaventure qui est advenue à une sœur arrivée de métropole qui exerçait à la clinique Ste Thérèse de Bône où ma sœur était en traitement à la suite d’un accident. Au cours d’une promenade la sœur découvrit un figuier de barbarie. Ma sœur qui l’accompagnait lui dit que les fruits étaient bons à manger. Avant même qu’elle put lui parler des épines, la sœur tendit le bras pour se saisir d’un fruit qui lui paraissait bien mûr et tout aussitôt le mettre à la bouche. Je vous laisse deviner le résultat de la manœuvre…La promenade fut très vite écourtée…

    Le figuier de barbarie pouvait avoir un tout autre usage. Les petits arabes utilisaient leurs feuilles larges grasses et épaisses pour en faire une palette servant de cible à un jeu de fléchettes. La fléchette était confectionnée avec un morceau de fil de fer rigide. La feuille du figuier nettoyée de ses épines était placée au sol ou sur une table, le jeu consistait à planter la fléchette en faisant, une après l’autre, des figures imposées : main droite, main gauche, au dessus du bras gauche qui pince l’oreille droite, inversement…etc…Voilà qui peut remplacer les jeux électroniques sophistiqués d’aujourd’hui. Nous avions d’autres jeux aussi bons marchés nous aurons l’occasion de les citer.

    Dernier usage connu mais plus rare des feuilles de figuiers de barbaries débarrassées de leurs épines : certains indigènes les utilisaient pour nourrir leurs vaches.

    NB :Les jeunes feuilles du figuier de barbarie sont consommées comme un légume au Mexique. Appelés « Napalitos », ils sont généralement vendus frais, ou en conserve. Ils ont une saveur légèrement acidulée, un texture visqueuse et un goût particulier qui rappelle à la fois l’oseille et l’asperge. En cuisine, les jeunes raquettes sont souvent utilisées en salades, en soupe, en ragout ou encore grillées au barbecue. Au petit déjeuner, elles sont servis avec des œufs et peuvent être mixées dans des yaourts.

     
     COMMENT EPLUCHER UNE FIGUE DE BARBARIE ?
     

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    FOUGASSE

    Au village, il arrivait souvent que l'on rencontre une femme en "tenue de tous les jours", c'est à dire vêtue de son tablier à bretelles. Une main ouverte elle tenait en équilibre un plat qui contenait une tarte, un gâteau ou un autre met.

    Nous savions pertinemment qu'elle se rendait chez le boulanger. C'est à l'entrée nord du village qu'était installé ce dernier. Son four s'ouvrait sur le même trottoir que celui du plus grand magasin du village : le bazar de monsieur Zammit où tout le monde allait faire ses courses. Le boulanger s'appelait aussi Zammit. Les deux frères étaient installés depuis "belle lurette" sur le trottoir juste en face de l'Hôtel du Roulage, le premier établissement hôtelier né à Mondovi.

    Si beaucoup de ménagères se rendaient chez René, le boulanger, c'est qu'à cette époque...nous sommes en 1950...très peu de ménages possédaient un four. On profitait donc du four du boulanger pour faire cuire les plats qui nécessitaient ce type de cuisson. Cela se faisait dans beaucoup de communes ou de quartiers de Bône. Il fallait cependant attendre que la cuisson du pain soit achevée pour profiter d'une température qui convenait parfaitement aux mets qui allaient ainsi d'un bout à l'autre du village. René, connu de tous, se faisait un plaisir de rendre service aux familles qui le lui rendaient en achetant quotidiennement pains et viennoiseries.

    Pour se rendre chez le boulanger, mon père avait fabriqué dans de la tôle, des plats rectangulaires qui me paraissaient alors avoir des dimensions démesurées. Ces plats servaient à deux occasions. C'était d'abord au moment des fêtes de Pâques. A cette époque il n'était pas question d'acheter les couronnes que nous mangions traditionnellement. Ma mère les fabriquait. Chaque plat avait été conçu pour contenir trois couronnes chacun. Deux plats permettaient donc de transporter et de faire cuire six couronnes d'un seul coup. D'autres cuissons sont restées gravées dans ma mémoire comme celles des fougasses. Pour nous, dans la région de Bône, la pizza c'était la fougasse. Vu de dessus le produit ressemblait beaucoup à la pizza. La garniture était composée de tomates, anchois, olives, oignons, relevés d'épices et d’huile d'olives. La grosse différence avec la pizza était que la fougasse avait une pâte bien plus épaisse et moelleuse. Chaque fougasse avait la taille d’une plaque que mon père avait fabriquée. Là, encore le côté pratique et ludique était respecté et nous étions assurés d’en faire cuire assez pour nous régaler pendant quelques jours. Le jour de la cuisson des fougasses était un évènement. Cela commençait par le temps qu'y consacrait ma mère pour leur préparation puis celui du transfert vers le four de René. Mais le meilleur moment était bien sûr celui de la dégustation. Pour apprécier une bonne fougasse il faut la goûter alors qu'elle est encore chaude. C'est ce que nous ne manquions pas de faire dès son retour à la maison. C'était pour notre mère un bonheur de nous voir apprécier cette préparation qu'elle avait confectionnée avec amour sachant pertinemment qu'elle nous ferait plaisir. Mon père, lui, avait droit à une recette spéciale. Comme il n'aimait pas les tomates, la garniture de sa fougasse était essentiellement composée d’anchois et d’un peu d'huile d'olive.

     

     

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    FTAÏR (BEIGNET TUNISIEN) 
     

     

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

     

    Je connais, à Narbonne, un tunisien qui cuisine un excellent couscous que je peux vous recommander pour l’avoir dégusté à plusieurs reprises. Attention, c’est du couscous tunisien comme on pouvait le manger dans la région de Bône proche de la frontière de ce pays. Ce marchand se trouve « Rue droite », une rue qui donne sur la place de l’Hôtel de Ville de Narbonne. Cette rue a une particularité : elle emprunte exactement  le tracé de la Via Domitia, cette fameuse Voie Romaine qui reliait l’Italie à l’Espagne et qui a été découverte au cœur de la place de la mairie au moment où on la restructurait. Un jour où j’allais acheter un plat de ce fameux couscous, je vis sur une étagère un grand plat couvert de gros beignets qui ressemblaient beaucoup à ceux que j’avais eu l’occasion de manger durant mon enfance. M’approchant pour m’assurer que c’était bien les mêmes, je dis au marchand

    • C’est des FTAÏRS ?
    • Il me regarda avec de grands yeux et me dit
    • Vous connaissez ? Vous êtes de Tunisie ?
    • Je lui répondis
    • Non non je suis de Bône.
    • Oh… mais Bône c’est la Tunisie.
    • Alors pendant un moment je ne sus quoi lui répondre. Tout alla très vite dans ma tête. La Tunisie je ne connais pas mais ce n’est certainement pas Bône, la ville où je sui né, le Cours Bertagna, la Grenouillère, le marché couvert, la rue Gambetta où on trouvait les marchands qui vendaient ces mêmes beignets. Jambes repliées, ils étaient assis près d'un bac d'huile bouillante. Tout près attendait un récipient de pâte. Ils y prenaient une petite boule, en faisaient comme une galette, la faisait tournoyer en l'air et la jetaient dans l'huile bouillante. En quelques secondes un beau beignet se formait sous nos yeux. Il ne nous restait plus qu’à le déguster non sans prendre la précaution de le saisir dans une feuille de papier pour éviter de se brûler les doigts.
    • J’en ai beaucoup mangés quand j’étais gamin… Vous m’en donnez trois s’il vous plait. Un que je vais manger de suite et les deux autres vous me les emballer.
    • Sortant du magasin, en redescendant la rue droite, le FTAÏR à la main, je me mis à raconter le temps où allant passer la journée sur les plages de Bône, nous partions de Mondovi, le matin de bonne heure. Nous traversions la ville de Bône pour passer chez le marchand de beignets. Nous en faisions une provision. Il nous tardait ensuite d’arriver sur la plage pour les déguster. Nous le faisions en général avant de prendre notre premier bain. Parce que nos parents nous interdisaient de rentrer dans l’eau avant la digestion, il nous arrivait de déguster notre FTAÏR dans l’eau pour éviter cet interminable temps d’attente avant le bain.
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     GARGOULETTE

    J’ai connu durant mon enfance deux « frigidaires ». L’un, le vrai a été d’une grande robustesse puisqu’il est passé d’une génération à l’autre et fonctionnait encore lorsque nous l’avons jeté dans la benne de la déchetterie. On ne devrait d’ailleurs pas dire « frigidaire » mais réfrigérateur parce que « FRIGIDAIRE » était la marque du premier réfrigérateur mis sur le marché. Le mot est rentré dans le langage courant pour désigner l’appareil. On utilise  encore couramment le diminutif frigo. Avant le réfrigérateur électrique une multitude de systèmes sont nés de l’imagination de l’homme. Le seul que j’aie connu à la maison mais qui ne servait qu’à rafraîchir l’eau c’est la gargoulette. Le terme serait originaire du provençal « gargouleto » qui signifie « cruche ». Notre gargoulette, toujours pleine d’eau, la plus fraîche possible, était calée dans un coin à l’ombre de la tonnelle en roseaux du jardin. Elle était souvent entourée d’un tissu humidifié pour la rendre plus efficace. La gargoulette existe depuis 2500 avant JC avec des formes et des décors multiples. La nôtre était sans décor ni vernis. Son gros goulot permettait de la remplir rapidement. Avec elle, pas question de « boire à la régalade »*. Elle était trop lourde. Un pot à eau en argile, comme la gargoulette permettait de transférer l'eau dans notre verre. Qu’elle était bonne l’eau fraîche de notre gargoulette lorsqu’il faisait chaud au milieu de l’été.

    (*) « boire à la régalade » ou « boire à la gargoulette ») c’est boire en se versant le liquide dans la bouche sans que le récipient touche les lèvres.

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

     
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     HARICOT-DE-MER    
     

    De façon régulière, dans mon village, une camionnette passait dans les rues. Elle se signalait par les vociférations de son conducteur. Il criait « haricots, haricots ». Alors les maîtresses de maisons sortaient  un récipient à la main, faitout, casserole ou autre.

    Il y avait dans la camionnette un baquet plein de ces fameux haricots. Le conducteur se munissait d’une boîte, genre boîte de conserve de un kilogramme. Il la remplissait et la versait dans le récipient présenté par la ménagère. La boîte servait en quelque sorte de mesure. Plus on prenait de mesures plus c’était coûteux. Les ménagères versaient donc au camionneur la somme qui lui était dûe.

    Mais cela ne vous dit pas ce qu’étaient ces fameux haricots de mer. Vous avez bien sûr deviné que leur milieu d’origine était la mer…forcément la méditerranée. Notre commerçant venait de Bône ou parfois de La Calle. C’était en fait un petit coquillage qui avait à la fois la forme et la taille d’un gros haricot blanc et que vous connaissez certainement sous le vocable de telline.

    Bien qu’il tende à se perdre, le métier de « téllineur» existe encore. A Leucate, de temps à autre, les ostréiculteurs proposent le produit. Ma mère nous le préparait à la poêle avec un peu de persil. Sur le feu le coquillage s’ouvre. Il ressemble alors à un papillon que l’on saisit avec les doigts à même l’assiette placée au milieu de la table. Ce goût salé qui s’imprègne sur la coquille vous donne envie de lécher encore et encore et vous laisse dans la bouche une saveur de noisette. On apprécie alors une goulée d’anisette blanche bien fraîche pour ménager une transition avec le rituel suivant qui consiste à se saisir à nouveau d’un coquillage qui vous attend dans l’assiette.

    Pour ramasser les tellines il faut un appareil qui permet de gratter le sable pour dénicher le coquillage qui s’y enfonce. Nous avions à la maison ce genre d’appareil. Le ramassage des haricots faisait partie des petits plaisirs de la vie au même titre que la dégustation. Il fallait attendre le lendemain pour déguster la récolte. On doit, en effet, laisser dégorger les coquillages en les trempant dans l’eau de mer afin de les débarrasser du sable qui se niche entre les deux coquilles. Pendant cette opération, tout coquillage ouvert doit être éliminé parce qu’il est probablement mort.

    Bonne dégustation ! 

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     JUJUBIER                                                                                

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

    Dans mon jardin un arbre rabougri pousse lentement. C’est Frédéric qui m’en a fait cadeau un jour où je lui rendais visite avec ma famille. Frédéric est amoureux de la nature et spécialiste du jardinage. Ce jour là il nous fit visiter son potager. Dans un coin du jardin, une touffe aux feuilles ovales et minuscules poussait dans un pot de terre. Le feuillage me disait quelque chose. Je finis par lui dire :

    • C’est pas un jujubier ça ?
    • Il fut surpris que je lui pose cette question parce que peu de gens connaissent la plante. Le jujubier ne pousse que dans les régions chaudes comme le bord de la Méditerranée, là où est né Frédéric.
    • Tu connais le jujubier me dit-il ? 
    • J’ai pour mon jujubier une sorte de vénération. Il occupe une place de choix dans les souvenirs de notre enfance...Pour la première fois cette année, il a « porté  ses fruits » et c’est pour moi un évènement. Je déguste le jujube (*)dont j’avais plein les poches lorsque j’étais jeune adolescent. C’est avec fierté, lorsqu’un visiteur découvre le fruit, que je lui raconte ce qui fait que je lui suis tant attaché. Si elle n’était pas aussi complexe, je pourrais leur décrire le blason de la ville qui m’a vu naître :
    • Des jujubiers, mon grand-père maternel en possédait tout une parcelle plantée en Algérie dans la région de Bône. En arabe le fruit se nomme Unnab et c’est de là qu’est né le nom arabe de Bône, Annaba. On disait alors « bled el’unnab » ce qui signifie  « la ville des jujubiers » . Ce sont les colons qui ont « inventé » Bône pour remplacer « Annaba ».. Ils ont pris soin de faire figurer une branche de jujubier en haut du blason de la ville.

    Sur un champ d’un Azur intense comme l’est le beau ciel d’Afrique , au bord d’une mer agitée , le Rocher du Lion doré par les rayons du soleil levant , le soleil de la ville naissant à la vie , regarde placidement venir à lui une Galère d’or que sa Voile gonflée pousse vers la cité symbolisée par un Rameau de Jujubier au naturel , dardant ses aiguillons acérés pour protéger ses fruits de Corail. Ce rameau se détache sur un champ pourpre.

    En haut de l’écu, la Gloire militaire, en bas la prédominance économique

    Au dessous trois mots « FERIT ET ALIT » il pique et nourrit .

     
     

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

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      KIF KIF BOURRICOT

     

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

    Les conversations saisies des arabes du village que nous côtoyons nous permettaient de « capter » et de retenir quelques mots ou expressions. Le mot « kif », par exemple, signifiait « comme » ?

    Son origine était «  keifa ». par déformation il est devenu « kif » et il a été importé en France par les soldats des armées d’Afrique du Nord rentrés à la fin des années 1800. 

    « Kif » est rentré dans le langage français dans l’expression « c’est du kif » qui veut dire « c’est pareil » quand il s’agit de comparer deux entités. Le fait de doubler le « kif » (qui n’a rien à voir ici avec la drogue) exprime que c’est « du pareil au même ». En français on peut remplacer l’expression « kif kif » par « blanc bonnet et bonnet blanc ».

    Si on ajoute le mot « bourricot », c’est pour imiter une expression arabe utilisée dans le langage courant  qui veut dire « pareil à l’âne ».

    « Kif kif bourricot » accentue l’idée de ressemblance de deux « choses » que l’on compare.

    Qu’y a t-il à première vue de plus ressemblant que deux bourricots ?...C'est tout bête ...

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     LIGNES DE BON
     

    Nous sommes à l’école de garçons de Mondovi. Et oui à cette époque (1955) garçons et filles sont séparés. Bien séparés puisque les deux écoles sont diagonalement opposées par rapport à la place du village. C’est la dernière année avant le lycée. Nous sommes donc en Cours moyens deuxième année.

    La punition en vigueur dans la classe est la mauvaise ligne. En fonction de la gravité de la faute commise il est imposé à l’élève un certain nombre de lignes. Il s’agit parfois de copier la leçon d’histoire, parfois la récitation, parfois une résolution : « Je ne mâcherai plus de chewing-gum en classe » par exemple. La punition la moins « lourde » est de 25 lignes. Cela correspond à la page d’un cahier petit format et grands carreaux. Pour faire cent lignes il fallait donc remplir une double feuille détachée, la plupart du temps du cahier de brouillon. Il était cependant possible de réduire c nombre de mauvaises lignes grâce à un « artifice » mis en place par notre cher directeur, maitre du CM2..

    En effet, durant toute l’année, certains camarades étaient nantis de responsabilités dans le jardin du maitre des lieux qui avait toujours quelque chose à nous proposer. Chaque année, par exemple, on pouvait par exemple, ramasser les graines de capucines qu’il utilisait l’année suivante Il existait aussi des tâches relatives à l’entretien de l’école : nettoyer les encriers, réparer les livres de la bibliothèque … Chaque activité était rétribuée par, ce qu’on appelait des « lignes de bon ». Ainsi les volontaires assurant la « corvée » des graines de capucines avait droit à 50 « lignes de bon ». Les lignes de bon étaient une sorte de « bonus » qui était défalqué des mauvaises lignes dont l’élève pouvait être victime ou mis en réserve positive. Le quota de la réserve des lignes de bons était fonction de la longueur, de la difficulté et bien sûr de la fréquence des tâches à accomplir. Le volontariat était donc le maître mot du cumul de ses lignes de bon. C’est ainsi que certains, toujours volontaires, avaient une réserve de lignes qui leur permettait de « vivre » à l’abri de toute mauvaise lignes. Un camarade avait la responsabilité de la tenue des comptes des lignes. Un cahier était réservé à cette comptabilité. Il est arrivé que certains camarades, rarement les plus sages, puissent se constituer une réserve de 500 voire 1000 lignes de bon. Ceux-là n’avaient jamais de lignes à faire alors que les autres, non corrompus devaient, non seulement faire leurs mauvaises lignes, mais s’arranger pour les faire discrètement afin d’éviter de subir les « foudres » de leurs parents avec le doublement des lignes infligées.

    J’ai toujours considéré que c’était une sorte de « discrimination ». L’école nous apprenait ce qu’était la corruption et qu’il existait des gens riches (en lignes) et des gens pauvres, obligés de subir une loi dictée par un président, en l’occurrence notre maître d’école.

    Notez que je n’ai jamais fait la remarque à mon directeur et, d’ailleurs, à l’époque, je ne me serais jamais permis de le faire. Le brave homme méritait bien que l’on s’occupe de ses capucines, lui qui nous avait accompagnés à l’examen de sixième une boîte de sucre à la main…dopage indispensable pour résoudre les problèmes des véhicules qui se croisent ou de baignoires qui se vident.

     
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      LYONNAISE (LA)                                                  BOULES LYONNAISES

         

    Face à la fenêtre de notre cuisine, un des espaces de la coopérative agricole où travaillait mon père était dédié au sport. Des jeux de plein air avaient été aménagés. Juste à côté de la maison du sous-directeur de l’entreprise avait été créé un tennis en terre battue entouré d’un haut grillage. Un espace vert aussi grand que le tennis était équipé de jeux d’enfants. Les mères de familles venaient y passer un moment avec leurs bambins. Jouxtant les deux terrains de jeux, un terrain permettait au personnel de se retrouver tous les soirs pour se livrer à une double partie de plaisir : jouer aux boules et échanger des propos dignes des plus hilarants récits humoristiques. Il y avait trois terrains mesurant, environ 27m de long et 2,5 m de large.

    Laissant à la maison le peu de sens hiérarchique qui les animaient dans la journée, je voyais tous les soirs passer sous ma fenêtre, l’expert des tabacs, l’employé de bureaux, le directeur-adjoint, le directeur de la coopérative. Certains habitants du village, ne travaillant pas dans l’entreprise les rejoignaient. Il faut dire que le terrain de boules officiel du village était déserté en raison des craintes d’attentat (nous étions en pleine guerre d’Algérie). Tous les passionnés se repliaient sur le terrain de la coopérative, plus sûr parce qu’enclavé dans les locaux de l’entreprise.

    D’abord spectateur, je me suis mis à pratiquer ce sport en " priant Dieu" chaque soir pour faire en sorte qu’il manque un joueur afin de le remplacer. Mon seul problème était la taille des boules. Le diamètre de la boule varie de 90 à 110 mm et son poids doit être compris entre 900 et 1 200 g. Elles sont donc sensiblement plus lourdes que celles de la pétanque. Malgré cela, petit à petit, l’expérience aidant, j’avais pratiquement ma place dans certaines équipes, mais, politesse oblige, je devais toujours la céder aux plus anciens. Cela ne m’empêchait pas de m’entraîner à longueur de temps et de passer des après-midi entiers sur le terrain. Avec les « événements », la défection de certains joueurs facilita mon intégration au sein des équipes. On m’appelait même, pour compléter une « quadrette » quand l’effectif était insuffisant.

    La boule lyonnaise (on dit aussi "la longue") a donc été, dans mon enfance et mon adolescence, mon sport préféré. Ne vous étonnez donc pas que ce mot reste dans ma mémoire d’enfant. Le jeu est appelé « Lyonnaise » parce que cette discipline a vu  le jour au XVIIIème siècle dans la région de Lyon. C’est en 1850 que ce jeu s’est élevé au rang de sport. Comme dans la pétanque, il consiste à placer le maximum de boules le plus près possible d'une petite sphère de bois servant de but (le cochonnet). Cette forme de jeu de boules, très populaire, est l'une des plus anciennes de France sinon d'Europe.

    Mes boules sont maintenant pendues dans ma cave (photo ci-dessus). Autrefois elles brillaient parce que je prenais le temps de les rendre belles? Aujourd'hui elles se couvrent de vert de gris mais cela n'empêche pas que, dans mon esprit elles aient la beauté du temps où il me plaisait de les faire claquer machinalement pour manifester le plaisir que j'avais de côtoyer des êtres qui m'ont fait sans doute vivre les meilleurs moments de ma vie. 

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    MAGNE                               

     

    Je sais …vous allez me dire que vous connaissez le mot.

     

    On peut se magner le cul, le fion, les fesses, la fraise, l'oignon, le pot, le popotin, le train.

    "Se magner"  c’est se dépêcher.

    Mais dans mon esprit c’est aussi autre chose.

    Quand j’étais petit, je me rappelle que, même dans mon village d’enfance – je ne dis pas natal parce que, par la force des choses ma mère a dû aller à la ville pour me mettre au monde – on connaissait aussi le « TOUR DE France » et on le suivait. C’était d’ailleurs l’époque où, dans le village,  le seul moyen de communication abordable  financièrement était le vélo. Mon père en était un adepte. Sa silhouette longiligne l’aidait à faire de belles performances avec  un vélo qu’il bichonnait.

    Cette année là – je ne sais plus laquelle – mon père ouvrit la DEPECHE DE L’EST », le journal de chez nous,  pour découvrir un jeu proposé à l’occasion de l’épreuve du « TOUR DE RANCE ». Il s’agissait de répondre à une question en donnant le nom d’un coureur. Mon père remplit le bulletin à compléter et le posta aussitôt.

    Quelque temps plus tard, il apprit qu’il était un des gagnants du concours. La réponse attendue était MAGNE…ANTONIN MAGNE. Nous avons attendu avec impatience que le lot gagné arrive à la maison. C’était un magnifique vélo, pour l’époque.

    Ainsi, grâce à Antonin Magne j’ai pu passer le plus clair de mes loisirs sur un vélo d’adulte…le seul digne de ce nom que j’ai pu avoir en temps qu’enfant et  qui m’a permis à certaines occasions de me « magner  le popotin ».  

    ANTONIN MAGNE

     

    ANTONIN MAGNE

    Antonin Magne a été champion du monde en 1936.

    Il a gagné deux Tours de France en 1931 et 1934.

    Il a remporté trois grands prix des nations en 1934, 1935,1936.

                            

    LE VELO D'ANTONIN MAGNE

    A gauche le vélo gagné      

     

     

      

     

     

     MATSAME 
     

    Dans la région de Bône beaucoup d’habitants avaient pour passion la pêche. Pas étonnant, ce sont pour la plupart des  descendants  de Maltais. Ces hommes simples, souvent pécheurs avaient  eu la chance d’avoir le vaste continent que représentait l’Algérie à la portée de courtes traversées à la voile. Mes oncles, mon père n’ont pas dérogé à la règle. Mon oncle avait même investi dans l’achat d’un petit bateau à moteur d’occasion. Quant au plus jeune, Armand, il a fini sa vie professionnelle en tant que pécheur. Que ce soit en bateau ou depuis le rivage le rêve était toujours le même : prendre des belles pièces. Au retour, il fallait faire le tri entre les grosses et les petites prises, les poissons à frire et ceux bons pour la soupe.

    Je me rappelle qu’un jour, au retour d’une pèche on demanda à mon oncle ce qu’il avait pris. Il répondit

    -Oh que de la matsame.

    J’imaginais que c’était une espèce de poisson que je ne connaissais pas. Je fus bien surpris en voyant le résultat de la pèche de constater qu’en fait le casier était presque plein de poissons plus petits  les uns que les autres, de forme et d’espèces différentes. Ce qu’on appelle, en fait, le « menu fretin » .

    Ce qu’on appelait matsame, c’était donc le poisson qui restaient dans les casiers des pêcheurs quand le meilleur avait été vendu.

    De la même façon que le menu fretin peut désigner des personnes sans importance, le mot matsame était rentré dans le langage courant pour parler d’individus de seconde zone représentant péjorativement le niveau le plus bas de la société. On parlait de matsame pour désigner des gens ordinaires ou considérés comme tels, des gens pas fréquentables…( par les gens biens).

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    MEKTOUB 
     

    Dans le petit village où j’ai vécu mon enfance, comme dans beaucoup de village en France, la superstition et les croyances diverses se mêlaient à la religion. Outre les croyances traditionnelles telles le fait de passer sous une échelle ou de poser le pain à l’envers sur une table, des évènements ayant eu une conséquence sur des actes quotidiens devenaient mystérieux. Je me rappelle ma mère me racontant le passage toujours problématique d’un membre de notre famille par le pont enjambant un oued. Le cheval refusait de passer  et se cabrait. C’était le signe que des esprits maléfiques agissaient sur le cheval : esprits contre lesquels l’homme ne peut rien. D’une façon plus générale la vie est souvent faite d’éléments sur lesquels nous n’avons pas d’influence parce qu’ils nous arrivent sans nous prévenir. Une suite d’évènements qui constituent notre chemin, notre destin et qui serait fixé d’avance. Les plus croyant vous diron que c’est la volonté de Dieu. C’est en tout cas ce que pensent les musulmans quand ils prononcent le mot « mektoub » : c’est écrit dans les tablettes de Dieu.  Ce mot nous l’entendions à longueur de temps. Nous l’entendions si souvent, qu’il était presque rentré dans notre langage courant.

    Etait-il pour autant écrit qu’on nous chasserait un jour de notre nid ?

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     NERF DE BOEUF      
     

    En attendant mon tour chez la kiné, un article d'un magazine a attiré mon attention

    "Pour ou contre la fessée ?"

    Chacun des spécialistes qui traitaient du sujet y allait de son raisonnement argumenté. Immédiatement cela me fit penser à certaines personnes que je connais dont la réponse aurait été simple : "De temps en temps ça fait pas de mal."

    Et qu'aurait répondu un certain M. G, instituteur dans une classe de Cours Moyen de l'école du village ?

    Il avait à sa disposition, comme assesseur dans le coin de la salle de classe un "nerf de boeuf".

     

    Nerf de bœuf : Partie épaisse du ligament cervical et postérieur du bœuf qu'on fait sécher et dont on se sert comme canne ou comme matraque (Wiktionary)

    Exemple : Donner des coups de nerf de bœuf.

     

    Le nerf de bœuf de M. G était trop souple pour prétendre servir de canne. Je peux cependant vous dire, pour l'avoir seulement observé, qu'il était à la fois, solide et dur...toutes les qualités pour servir de matraque.

    Que faisait M. G de cet ustensile ? Lorsque l'attitude d'un élève tendait vers l'impolitesse ou l'insolence, il l'utilisait comme moyen de répression dans une ronde infernale. Main gauche dans main gauche le maître et l'élève tournoyaient pendant que le nerf de bœuf sifflait dans l'air pour finir sur les fesses du contrevenant. Heureusement, il arrivait souvent que le pan de la blouse amortisse les coups ajustés trop bas. La ronde terminée élève et nerf de bœuf reprenaient leur place...les deux ayant acquis un peu plus de souplesse pour le plus grand plaisir du maître?

    Nous étions une quarantaine en classe. La correction avait d'autant plus d'impact qu'elle était exceptionnelle. Il n'empêche que la méthode aurait pu être blâmée. Pourtant personne, à ma connaissance, ne s'est plein de cette répression organisée. Mieux encore...les deux tiers de la classe étaient composés de musulmans dont la consigne des parents était "si y bouge tu lui donnes"...consigne appliquée à la lettre par M. G.

    Une seule fois dans l'année "Nerf de bœuf" a changé de place. C'est le jour de la visite de Monsieur l'Inspecteur. Il a été mis au repos forcé, allongé sur l'armoire du fond de la classe. Comme le maître nous avait persuadés que son supérieur nous rendait visite pour contrôler notre niveau, nous nous étions bien gardés de dévoiler qu’un deuxième maître était allongé sur l'armoire.

    En fermant le magazine j'ai eu du mal à cacher mon sourire en pensant qu’en d’autres temps l’article aurait pu s'intituler

                                                                       "Pour ou contre le nerf de bœuf ?                  

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    SLOUGHI

    J’ai « parcouru » le net pour vérifier d’abord que le sloughi était bien un chien. J’ai pu, non seulement en avoir la confirmation mais, de plus, à ma surprise, j’ai découvert que c’était un chien originaire d’Afrique du Nord. La silhouette de l’animal peut ne pas plaire. Il est évident qu’elle n’a rien à voir avec le chien des Pyrénées, par exemple. L’espèce est svelte, pour ne pas dire maigre. Cette race a été sélectionnée pour la chasse dans le désert et les montagnes de l'Atlas. C’est aussi un bon compagnon qui nécessite un grand nombre d'heures consacrées à l'exercice physique.

    Après le mot « sloughi » je suis allé chercher une signification du mot « stocafich ». A défaut, j’ai découvert le mot stockfish, d’origine allemande, constitué avec les termes bâton et poisson utilisé pour désigner des filets de cabillaud, l'églefin etc…

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

    Quelle relation y a-t-il entre les deux mots me direz-vous ? Je les ai entendus tous les deux utilisés dans des expressions pour désigner une personne qui faisait pitié par sa maigreur.

    En faisant allusion à l’allure du chien, on disait par exemple de quelqu’un de maigre « On dirait un « sloughi ».

    Il était aussi commun d’entendre dire « On dirait un stocafish ». Le mot « stockfish » a « évolué » pour devenir stocafish. Rien d’étonnant à cela puisqu’on le trouve dans le langage italien (stocafisso) pour désigner un plat à base de morue mais aussi dans la région de Nice (l’estocafic).

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

    Voilà donc deux mots longtemps inscrits dans mon esprit comme étant inventés de toute pièce par les gens de « là-bas ». Ce n’est pas du tout le cas. Comme beaucoup ils ont été détournés de leur sens premier pour fournir une image expressive à des expressions employées dans le langage courant.

     

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    STOCAFISH 
     voir SLOUGHI

     

     

     

     

     

     

     

     

     ZOTCHE (ou FARDE)  

    Il est des mots dont la naissance est introuvable. J’ai eu beau chercher tous azimuts la signification du mot « zotche », impossible d’en trouver une origine quelconque. La première fois que j’ai entendu ce mot c’est à la maison. Mais attention « Zotche » ne va pas sans « Farde ». On disait « Zotche » ou « Farde » et cela était prononcé le plus souvent dans la forme interrogative.

    « Zotche ou Farde ? »

     

    C’est certainement de la bouche de mon père que l’expression est sortie la première fois de façon impromptue. Le plus souvent, il se postait devant moi et le poing fermé disait : « Zotche ou Farde  » ? Je répondais « Zotche » ou « Farde » selon mon humeur. Alors sa main se dépliait pour montrer un certain nombre de doigts. Il fallait que je fasse de même. On additionnait les doigts dépliés. Si le total était pair et que j’avais dit « Zotche », j’avais gagné. Si c’était l’inverse j’avais prdu. Vous avez compris que « Zotche » signifiait « Pair » et « Farde », Impair. Dans ce jeu on ne gagnait rien d’autre que le plaisir de tomber juste en devinant le résultat.

     

    Plus tard j’ai retrouvé ce jeu dans la cour de récréation du lycée. Il y avait alors un autre enjeu : des noyaux d’abricots. Des élèves à l’esprit mercantile se promenaient dans la cour avec leur sac de noyaux et accostaient les camarades qui voulaient bien jouer. Il présentait le poing fermé, contenant un certain nombre de noyaux d’abricot en disant " Zotche ou Farde " ? A la réponse « Zotche », du parieur, il fallait que le nombre de noyaux soit pair pour récupérer le lot. Dans le cas contraire il fallait débourser autant de noyaux que le poing en contenait. Zotche et Farde faisaient partie de notre vocabulaire au même titre que d’autres expressions qui sont sans doute nées de la rencontre de ces hommes aussi divers que variés qui ont peuplé l’Algérie à sa conquête.

     

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

     

     

      

    DEUXLE LEXIQUE DE MON ENFANCE

    UN

    LE LEXIQUE DE MON ENFANCE

    DEUX + UN = TROIS

    C'est FARDE ! 

         

       

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