LES COURAGEUX DE PALAVAS

Ce matin-là, il faisait un temps d’été. La petite ville côtière de Palavas, dans le calme de son réveil hivernal se préparait à vivre une journée comme elle en connaît de nombreuses en cette période où rien ne vient troubler les activités des gens qui ont choisi de vivre toute l’année dans cette ville.

Nous déambulons tout au long du Lez sur le quai Paul Cung. De l’autre côté du canal une silhouette laisse penser qu’ici aussi la pêche est mise à l’honneur. Il s’agit en effet d’un homme de bronze qui tire un filet. Comme beaucoup de villes côtières, Palavas a conservé une activité tournée vers l’exploitation de la pêche.

C’est en 2003 que la statue mise en place sur la rive droite du canal a été inaugurée. On dit que le bonhomme sculpté dans le bronze ressemble terriblement à un ancien pêcheur de la ville. Musclé, le visage brûlé par le sel, il n’avait pas son pareil pour tirer sur les rames et les filets. Un homme courageux qui avait une famille nombreuse. Le bronze de la statue, l’acier inoxydable du filet feront que, sans doute jusqu’à la nuit des temps, le monument rappellera que la ville abritait des hommes courageux.

Depuis le mole de la statue, en donnant le dos à la méditerranée, impossible de rater la tour d’une quarantaine de mètres qui surplombe les toits de la ville. A l’origine c’était le château d’eau qui alimentait Palavas. Les moyens d’alimentation de la ville évoluant le monument était voué à la destruction. Le conseil municipal de la ville eut l’idée d’en faire un bâtiment moderne pour abriter, à quarante mètres de haut, un restaurant offrant une vue magnifique sur l’environnement. Une vue d’autant plus appréciable qu’elle change à chaque seconde puisque le plancher de l’établissement a un mouvement de rotation. Mais ce matin-là le « Restaurant de la Méditerranée » offrait un spectacle qui donnait le frisson. Suspendu au dessous de la plate-forme, deux hommes suspendus dans le vide s’affairaient pour assurer la maintenance du système.

Ce matin-là, donc, à quelques pas les uns des autres, trois hommes, l’un d’autre fois, les deux autres d’aujourd’hui s’offraient en exemples de courage. Y en avait-il un plus courageux que l’autre ? C’est la question que nous nous sommes posée, tranquillement assis sur notre banc, en observant longuement les deux hommes pendus au bout de leurs filins. On dit que le courage est souvent associé à la peur, au danger. Mais ces hommes, là-haut, avaient-ils vraiment peur ? Si c’est le cas, le courage dont ils font preuve est différent de celui du pécheur qui a dû, tout au long de sa dure vie endurer la douleur de chaque jour.

Toujours est-il que, pour les trois hommes, l’activité peut-être courageuse parce qu’elle est signe de constance, de virilité et de force morale.