• LEUCATE - Dame de Cezelly

     

     Mais qui est donc cette dame dont la statue est sur la place de Leucate et le nom sur les bouteilles de Corbières de la cave du village ?

    LEUCATE - Dame de Cezelly

     

    En 1589, Henri III (1) le dernier des valois vient d’être assassiné.

    La guerre de religion bat son plein en Languedoc-Roussillon.

     

    (1) 1er août 1589

    Un moine poignarde le roi Henri III

    Le 1er août 1589, tandis que l'armée royale assiège Paris, aux mains de la Sainte Ligue catholique et de ses alliés espagnols, un moine dominicain, Jacques Clément (22 ans), sollicite une audience auprès du roi Henri III (38 ans).

    Celui-ci le reçoit dans sa chambre, au premier étage du château de Saint-Cloud, alors qu'il se tient sur sa chaise percée.

    Le duc de Montmorency,(2) solidement ancré à Montpellier, a épousé la cause du Roi de Navarre. Mais le parti des Ligueurs, commandé par le duc de Joyeuse, refuse de reconnaître ce parpaillot pour son souverain légitime. Montmorency contrôle la région du Vidourle à l’Orb.

    À l’ouest de la province, les troupes de la 

     (2) Henri II de Montmorency (1595-1632) est le dernier duc de cette puissante famille de la haute noblesse.
    En 1614, il hérite, à l'âge de 19 ans, à la mort de son père Henri Ier de Montmorency, du titre de duc, d'un immense domaine foncier et seigneurial et de la charge de gouverneur du Languedoc.
     Ligue (3) contrôlent Carcassonne et Narbonne, villes peuplées de c a t h o l i q u e s .  

    (3) La LIGUE 

     La Ligue catholique, la Sainte Ligue ou la Sainte Union est le nom donné pendant les guerres de Religion à un parti de catholiques qui s'est donné pour but la défense de la religion catholique contre le protestantisme. Son succès est tel qu'elle devient un danger pour la monarchie

     

    Montmorency se prépare à affronter Joyeuse (4) du côté de Béziers.

    Contre toute attente, la finale va se jouer loin de là, sous les murs de Leucate,  le dernier bastion en terre de France avant l’Espagne.

     

    (4) Guillaume II de Joyeuse (1520-1592), vicomte de Joyeuse, est un maréchal de France du XVIe siècle.

    Pendant les guerres de religion, il exerce la fonction de lieutenant général du Languedoc et s'opposa à de nombreuses reprises contre son gouverneur Henri de Montmorency-Damville. Il est le père d'Anne de Joyeuse, principal favori du roi Henri III.

     À Leucate en cette fin du XVIe siècle, une puissante forteresse (5) verrouille efficacement la plaine côtière au pied des Corbières.

     

     

     

     

    LEUCATE - Dame de Cezelly(

    5) La forteresse de Leucate

     

     

    Depuis quelque temps, une rumeur lancée par des Ligueurs soutient que des Huguenots (6)  se sont mêlés à la population. Le duc de Joyeuse veut purger le village de ses présumés hérétiques. 

     

     

           Bon prétexte pour masser des troupes sur le plateau de Leucate. Le gouverneur de la place, Jean du Bourciez, mari de Françèse de Cézelli, est réputé zélé catholique, mais loyal au duc  de Montmorency, qui lui a conféré ce commandement.

     

    Joyeuse est sûr qu’il ne fera qu’une bouchée de la petite garnison. Mais, surprise ! Elle résiste depuis des semaines, Jean du Bourciez refuse de se rendre. Les forces de la Ligue canonnent le fort sans relâche. La situation piétine, lorsqu’une sentinelle du château, aperçoit en mer des voiles ennemies.

    C’est une escadre espagnole. Elle se dirige vers la rade pour y mouiller. Si elle y parvient, Leucate se trouvera directement sous son feu.

     

     

     6)  HUGUENOTS

    Les huguenots sont les protestants du Royaume de France et du Royaume de Navarre pendant les guerres de Religion, au cours desquelles ils ont été – sous ce nom – en conflit avec les catholiques

    Ainsi, l’impensable s’est produit : le chef des Ligueurs, pour assouvir ses ambitions et régler un vieux compte avec le connétable, a commis la pire des ignominies. Faisant appel à l’ennemi héréditaire, il a trahi son pays.

    Vite ! Il faut prévenir le duc de Montmorency, faute de quoi la population de Leucate sera inéluctablement massacrée.

    Comment s’échapper de ce piège ? Il ne faut pas donner l’éveil à l’ennemi. Alors, Jean du Bourciez prend une héroïque décision. Il va se rendre seul, à cheval, à Pézenas, sans prévenir personne, hormis sa femme, Françèse de Cézelli, à laquelle il laisse pour quelques jours le commandement de la place.

    Françèse résiste aux assiégeants

    À l’aube, le vaillant capitaine enfourche sa monture. Il n’a pas encore atteint Sigean qu’il est reconnu par des Ligueurs et aussitôt arrêté.

    Françèse est fille d’un honorable consul de Montpellier marchand de soie. Elle a épousé Jean du Bourciez, un obscur capitaine, gentilhomme terrien, dont la bravoure lui permettra d’obtenir le commandement de la place de Leucate.

    Gouverneur par intérim, Françèse assume cette difficile situation.

    À la stupeur générale, elle prend avec brio la direction des opérations. On peut voir sur les remparts de Leucate cette mère de famille tenir d’une main le plus jeune de ses trois enfants, et de l’autre un pistolet pour faire feu sur l’assaillant.

    Le chef de la Ligue fait dire à Madame de Cézelli qu’il tient captif son époux. Si la dame remet les clés de la ville, il ne lui sera fait aucun tort, son mari aura la vie sauve ainsi que tous les défenseurs de Leucate,

    « Et si je refuse? » demande Francèse au messager.

    - « Si vous refusez, Madame, votre époux sera exécuté demain à l’aube sous les murs du château ! ».

    Elle refusera.

    Sa réponse la classe parmi les héroïnes, aux côtés de Jeanne Hachette ou de Jeanne d’Arc.

    Devant la détermination de la dame, le siège est levé.

    Francèse va rejoindre sa famille à Montpellier, où elle a toujours sa maison rue du Petit Scel.

    Elle ne demandera qu’une faveur : rester sur place avec ses enfants en conservant le gouvernement de Leucate.

    « Pourquoi non ? », répond Henri IV qui ajoute :

    « Puisque dans ce pays, les femmes se battent mieux

    que nos vaillants capitaines... »

     

     

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    LEUCATE - Dame de Cezelly

    Statue de Dame de Cezelli à Leucate

     

     

     

     

     

    REPÈRES

    En 1558 : naissance à Montpellier.

    Elle est la fille d’un consul fabricant de soierie.

    En 1577 : mariage avec Jean du Bourciez.

    En 1589 : siège pendant six semaines de la forteresse

    de Leucate.

    En 1615 : décès à Montpellier

     

     LEUCATE - Dame de Cezelly

    Une plaque "souvenir" sur la maison de Francèse Cézelli à Montpellier.