• LEUCATE - La pêche aux canards.

     

     

     

     

     

    En 1944 sur les ordres de la kommandantur allemande, les Leucatois ont été contraints de quitter leur village resté désert jusqu'u printemps 1945. Une grosse année pendant laquelle les poissons, dans l'étang donnent libre cours à leur multiplication.

    A leur retour, les pêcheurs professionnels, recensent leur matériel pour reprendre, le plus rapidement possible, leur activité. Ils ne sont pas sans remarquer qu'une chose a évolué sur l'étang.

     LEUCATE - La pêche aux canards.  

    Des canards, nombreux, ont pris possession de certaines zones du plan d'eau. Ils sont si nombreux que, de loin, ils forment à la surface de l'eau des plaques sombres ressemblant à des îles.

    Ce sont des volatils de type "Miloin", une espèce qui a la particularité de plonger pour aller chercher la nourriture au fond de l'étang.

    Une fois leur "récolte" faite, il remonte au dernier moment à la surface.

    Cela n'échappe pas aux observateurs que sont les pêcheurs. Dans ces moments où la vie reprend difficilement au sortir de la guerre certains opportunistes flairent un bon coup. Ces volatils ne seraient-il pas l'occasion d'arrondir les fins de mois. Ils sont très nombreux Germe dans certains esprits l’idée d’élaborer une technique permettant d'en capturer quelques-uns. En l'absence de règles tout est bon pour permettre d'améliorer l'ordinaire. A cette époque, aucune loi restrictive n'existe, concernant la quantité de gibier capturé ou les techniques mises en œuvre.

    La cogitation va bon train et finit par payer.

    L'idée est de tendre horizontalement un filet dans l'eau. Un filet dont la maille puisse laisser passer la tête et le cou du canard mais pas le corps.

    A force d'observations on imagine que le canard remontant de sa plongée pourrait se prendre dans le filet et, à bout de souffle, mourir noyé. Trouver la bonne maille est un jeu d’enfant pour les pêcheurs puisque c'est ce qu'ils font dans la pêche au poisson. L'autre condition est que les volatils ne découvrent pas le filet. Pour cela il faut le maintenir entre deux eaux.

    Un système de lests en pierres et de flotteurs en liège assurera cette fonction.

    Il suffit alors de repérer les lieux où les canards plongent et où ils ressortent de l'eau.

    Les filets sont tendus le soir au crépuscule.

    Dès les premiers essais la technique marche à merveille. On se propose alors de vendre les canards capturés.

    Les premiers servis seront les Leucatois qui sautent sur l’aubaine accommodant le volatil dans des mets

    savoureux. Durant ce temps des "vaches maigres" sur toutes les tables trône un canard gras del’étang.

    Mais au bout de quelques semaines ont se lasse un peu du Miloin. Le volatil a du mal à s'écouler. On pense

    alors au marché de Narbonne dans lequel les canards devenus célèbres sont proposés.

    La nouveauté fait fureur.

    Même engouement qu'à Leucate, avec cependant un constat qui fait reculer certains. La chair du canard est normalement blanche. Celle du canard de l'étang est rose. Et pour cause...le canard capturé de l'étang n'a pas été vidé de son sang. Il n'empêche que pendant longtemps beaucoup ont apprécié de manger du canard.

    Les réserves, petit à petit, se sont amenuisées jusqu'au jour il devint plus rentable, pour les pêcheurs de se

    remettre à pêcher du poisson.

    Le "Miloin" disparut pratiquement de la région. Cette disparition n'a pas été forcément liée à la "pêche" de l'espèce dans la région. Aujourd’hui, soixante- dix ans plus tard, on dit encore que ce canard est en "voie de disparition".

    Peut-être sera-t-on capable d'endiguer ce déclin afin de revoir un jour, des Miloins plonger à nouveau dans l'étang...mais il ne sera alors, plus question de les pêcher...