LEUCATE , Ville frontière

Le Roussillon, terre espagnole pendant plusieurs siècles avait le lac marin pour frontière avec la France.

La frontière entre le Royaume d'Aragon et la France passait au milieu de l'étang et le château aragonais de Salses faisait face à celui de Leucate.

Le fort de Leucate avait donc une importance stratégique.

Les ruines de la forteresse de Leucate vues d'avion.

Le plan de la forteresse.

Le Château de Leucate

"Initialement simple demeure seigneuriale, Leucate deviendra par son rattachement à la couronne de France en 1312 une place forte d'intérêt stratégique. Sa position géographique en faisait un poste d'observation en direction de l'ennemi venant du sud. Les déplacements des troupes des Corbières ou sur le cordon littoral ne pouvaient échapper à l'oeil des guetteurs. Le donjon primitif sera complété au fil des siècles par des enceintes successives mieux adaptées pour résister à l'évolution des techniques de guerre. Les architectes italiens du XVème siècle révolutionneront l'art de la construction des places fortes et Leucate n'échappera pas à cette influence.

Le château médiéval deviendra une importante forteresse moderne sans cesse améliorée au fil des batailles qui s'y dérouleront. Durant cinq siècles d'histoire mouvementée de Leucate, il restera étroitement lié aux grandes dates de l'Histoire de France et de la défense avancée de la ville de Narbonne.

Sur place, aujourd'hui c'est l'Association des Amis du vieux Château qui s'attache à reconstituer son histoire et une partie de ses vieilles pierres.

En 1036, le premier possesseur connu du château de Leucate est le sieur Gausbertus de Leocata.

En 1503, le château médiéval de Leucate est assiégé et pris en une journée, victime des progrès accomplis par l'artillerie de l'époque. Louis XII décide alors de doter Narbonne et Leucate de fortifications adaptées aux techniques nouvelles.

  En 1507, Louis XII déclare : "Le Roussillon est un pays ennemi et Narbonne est une clef de France." La modernisation des fortifications est ordonnée (1510). L'influence des architectes italiens est prépondérante. Georges d'Amboise, ministre de Louis XII charge l'architecte italien de dresser le plan des nouvelles fortifications du pays narbonnais.

Dès 1510, Fra GIOCONDO est à l'œuvre à Narbonne. Le tracé de l'enceinte de Leucate n'échappe pas à l'influence des précurseurs transalpins, si bien qu'en ce début du XVIème siècle, le Nouveau Fort apparaît comme l'une des premières places bastionnées de France.

En fonction de l'évolution technologique et de l'expérience acquise à l'épreuve des sièges successifs, le dessin des bastions sera plusieurs fois remanié et amélioré.

A partir de 1591, Jean ERRARD de Bar le Duc devient l'architecte militaire de Henri IV. Les nouveaux principes défensifs qu'il élabore en 1594 vont bénéficier au château de Leucate avec ses contre-gardes et ses redans terrassés.

Les dernières améliorations confiées à Pierre de CONTI, Seigneur d'Argencourt, verront le jour en 1640 sur l'ordre de Richelieu.

Sous le règne de Louis XIV, la forteresse devenue inutile sera rasée en mai 1665."

 Sources

Editeur : éditions L'An Demain

Auteur : Claude Guillemot

Au XVIIe siècle, le « Grand chemin de Languedoc en Roussillon », seule voie reliant Narbonne à l’Espagne longeait l’étang entre Salses et Fitou.

Toute armée venant du sud se trouvait donc étranglée sur plusieurs kilomètres entre les monts des Corbières et l’étang qui délimitent cette étroite bande de terre . A la sortie de ce goulet , elle se voyait de nouveau menacé par les forts de Leucate et de Fitou qui gardaient le passage.

                                            Les deux forteresses étaient directement liées par un chemin

                                              guéable qui traversait l’étang au niveau des îles Sidrières.

Autrefois, la presqu'île des Sidrières était une île qui s'est peu à peu "rattachée" à la terre au gré des dépôts de sédiments dans le détroit. Une superbe pinède vous y attend avec, au printemps, de grands champs d'asphodèles et d'iris nains. Elle permet la nidification des goélands, aigrettes garzettes, crabiers chevelus, etc …

Les jours de Tramontane lorsque les eaux étaient basses, les bancs de sable formant ce gué étaient parfaitement repérables. Il n’en était pas de même par vent marin : les eaux plus hautes rendaient les fonds moins visibles et les creux bordant le chemin plus profonds. Le gué devenait alors impraticable et dangereux.

Dans notre prochain numéro nous vous raconterons comment cette particularité géologique a pu jouer des tours aux troupes espagnoles en 1637.