• MAGNANERIE : Le mot qui nous intéresse

     

     On ne peut pas parcourir l’Ardèche sans découvrir ici ou là le mot qui nous intéresse.

     

    MAGNANERIE

     

    Le magnan , mot d’origine provençale, désigne le

    « ver à soie »

    Le magnaghié ou magnassié est

    l'« ouvrier chargé de l’éducation des vers à soie »

    La Magnanerie , magnaghieiro est le grand bâtiment ou le local où on élève les vers à soie mais aussi

    « la construction des pieds droits et des tables sur lesquelles on place ces insectes ».

     

     

     Nous avons découvert ce mot en plusieurs endroits dont l'entrée d'un chateau

     

     MAGNANERIE : Le mot qui nous manque

    La magnanerie est le mot languedocien qui désigne aujourd'hui

    "l’art d’élever les vers à soie".

    On parle aussi de SERICULTURE

       

    FILM de "Le Cami"

     

    LE CHATEAU DES ROURE

    Le château des Roure était une place forte sur l'antique route du Pont d'Arc.

    Haut lieu historique de l'Ardèche, classé monument historique, le château héberge aujourd'hui un élevage de vers à soie et un musée de la soie.

     

       

    Situé entre

    Vallon-Pont-d'Arc

    et l'Aven d'Orgnac,

    ce lieu propose la

    visite de l'édifice

    du XVème siècle,

    et fait découvrir sa

    magnanerie, où les

    vers à soie passent

    de l'œuf au

    papillon.

     

     Le ver à soie est un animal fragile. Il craint la chaleur, l’humidité, les courants d’air. Aussi la construction des bâtiments répond à des consignes très précises. Le bâtiment ne doit pas être construit dans des fonds de vallées trop humides ou dans des zones boisées. L’espace doit être bien aéré. L’orientation nord-sud permet de profiter au maximum du soleil qui chauffe les salles. Des fenêtres orientées au nord et des trappes dans le plancher aèrent les pièces en cas de forte chaleur.

     

     

    La soie sort de Chine au IIe siècle avant J.-C.

     

    Des tribus nomades menacent régulièrement les frontières chinoises.

    Pour obtenir la paix,les Chinois offrent plusieurs fois l'an de magnifiques cadeaux à ces tribus, parmi lesquels se trouvent des milliers de pièces de soie.

     Les nomades échangent ces pièces de soie avec d’autres populations installées plus à l'ouest .

     

    Témoignage

    Le ver à soie, nourri d’une bonne feuille de mûrier, alimenté plusieurs fois par jour, grandissait, grossissait sur les grandes étagères en planches, les "tables". Une température constante était entretenue par les cheminées d’angle de la "magnanerie". Au bout de quatre mues, le ver arrêtait de manger : on disait qu’il "dormait".

    Alors venait "l’embrussage" : les hommes installaient des branches de bruyère sèche à la verticale, entre les étagères et les vers à soie, devenus translucides car gorgés de soie, grimpaient sur la bruyère où ils tissaient leur cocon.

    Quand il ne restait plus un seul ver sur les "tables", on attendait huit jours pour "décoconner", autrement dit pour enlever les cocons des rameaux de bruyère.

    Nous, les enfants, nous avions le droit de manquer l’école pour le "décoconnage". Tous les voisins s’entraidaient et participaient à la tâche : les cocons étaient retirés de la bruyère et on leur enlevait leur première soie. Ainsi, bien propres, ils étaient prêts pour être transportés en charrette à la filature des Vans.

    L’élevage du ver à soie était une bonne source de revenus pour les paysans d’autrefois. Il suffisait d’acheter "la graine". La main d’œuvre ne coûtait rien. Les mûriers n’étaient pas traités. C’était de l’élevage bio avant l’heure !

    Arlette Flory

      LA SOIE EN FRANCE

    Les secrets de fabrication se répandent par l'Inde et l'Iran, mais n'atteignent l'Europe qu'aux XIIe et XIVe siècles par les villes italiennes de Lucques et Pise. Un document daté de 1361 fait état de l'achat de cocons par un marchand du Gard.

    Au XVIe siècle, des ateliers de tissage de la soie sont très actifs à Tours et à Lyon, mais la France ne produit pas assez de fil de soie pour ces ateliers. Ainsi, pour diminuer les importations de fil, Henri IV encourage la culture du mûrier et l'élevage du ver à soie. Il demande à Olivier de Serres d'être l'artisan de ce développement. Quatre cent mille mûriers sont plantés dans le Midi, le Dauphiné, la région lyonnaise. Colbert, à la fin du XVIIe siècle relance la production et la sériciculture connaît un essor qui va croissant jusqu'au XIXe siècle.

    Des régions comme l'Ardèche sont bouleversées par la culture du ver à soie ; tout le monde en fait, le pays se couvre de mûriers, de magnaneries, de moulins pour le moulinage. La soie rapporte plus que n'importe quelle autre culture. Ce métier se développé principalement dans la vallée du Rhône et notamment en Ardèche grâce aux familles huguenotes qui après 1685 étaient exclues des emplois publics.

     

     

     Au milieu du XIXe siècle, la maladie frappe la sériciculture. L'épidémie touche toutes les régions. C'est la pébrine, les vers prennent une couleur grise, couleur de poivre (en provençal, pèbre signifie poivre).

    La production de cocons qui était de 26 000 t tombe à 7 500 t en 1857 et à 4 000 t en 1865. Les recherches de Pasteur n'arrêtent pas le déclin de la culture du ver à soie.

    La Fabrique lyonnaise, qui regroupe les négociants en soie, s'approvisionne en soie grège moins chère venant de l'Extrême-Orient. La production diminue malgré les aides apportées par l'État. En 1967, la France produit 10 t de cocons.

     

    Quelques explications concernant la fabrication de la soie

    D'abord les vers sont nourris de feuilles de mûrier (ils ne mangent que ça). Les mûriers sont cultivés sur place en plein champ.

    Les vers sont élevés sur de grands plateaux pendant 24 jours. Il faut 1kg de feuilles par jour pour nourrir 300 vers

    Au bout de 24 jours les vers commencent à fabriquer leur cocon, ils sont alors placés sur un support spécial.

    10 à 12 jours après, les vers ont terminé leurs cocons. Naturellement le ver se transforme en papillon puis fait un trou dans son cocon pour en sortir. Mais ici, pour conserver le cocon intact (il est formé d'un seul fils de soie), les vers sont tués en exposant les cocons au soleil. Le cocon est formé de deux qualités de fils : une qualité grossière à l'extérieur et une qualité fine à l'intérieur. Par cocon, on compte environ 100m de fils de qualité grossière et 300m de fils de qualité supérieure (fine). Pour extraire le fils, les cocons sont plongés dans l'eau bouillante. Un petit outil, une sorte de brosse au bout d'un manche en bois, permet d'attraper le début des fils de soie. Les premiers 100m sont extraits puis les cocons sont plongés dans une eau moins chaude pour extraire les 300m restants.

    Après avoir été décoloré, le fils est soit mis en bobine tel quel, soit coloré.