• MASSAT - Des DEMOISELLES sèment le trouble

     

     

     

    MASSAT -  Des  DEMOISELLES sèment le trouble

     Les évènements dont nous allons vous "parler" se sont passés dans le Couserans entre 1827 et 1831.

    En 1806, Massat comptait 7638 habitants, contre 5646 à Pamiers.

    En 1831, à son maximum, elle avait 9322 hab. contre 6048 à Pamiers. 

    L'habit fait-il le citoyen ?

     Souvent la tenue a été, un signe de ralliement pour des "revendicateurs" qui ont choisi cette marque de reconnaissance.

    "Sans culottes", "Foulards ou chemises  rouges" pour ne prendre que ces exemples se sont différenciés du reste de la population grâce à leur accoutrement.

    Les "Gilets jaunes" ne dérogent pas à la règle. L'Ariège et d'autres régions de montagne ont connu leurs "émeutiers" qui avait quelque chose à défendre à partir de l'année  1827. 

     

    Rappelons les troubles qu’a connus la ville de Massat à cette époque.

    Vingt-trois janvier 1830 plus de cent Demoiselles envahissent les bois de la forêt de Péguère près de Massat.

    Vingt-cinq janvier 1830 plus de deux cents Demoiselles menacent les gardes forestiers de les tuer et d'incendier leur maison s'ils continuent à leur dresser des procès-verbaux.

    Le vingt-six janvier une délégation de dix représentants des communes arrivent sur les lieux et ne tardent pas à être menacés par des groupes d'une vingtaine d'individus armés de haches et de fusils, tous déguisés en Demoiselles.

    Le même jour une cinquantaine de Demoiselles en blanc, la figure barbouillée de noir encerclent les maisons de deux gardes forestiers de Massat.

    Le lendemain au retour de leur enquête sur les lieux, le maire et les gendarmes sont encerclés par un grand nombre de Demoiselles armées de fusils, de faux et de haches. Le groupe poursuit sa route jusqu'à la maison d'un autre garde forestier employé par un propriétaire de bois.

    Le maire, intervenant, réussit à les convaincre de rentrer chez elles. Le groupe fort de quatre cents à cinq cents individus se dispersa lentement en criant "vive le roi, à bas l'administration Forestière".

     

    MASSAT -  Des  DEMOISELLES sèment le trouble

    La mairie de Massat

     

    Les "Demoiselles" de Massat accompagnés de ceux de Riverenert et de Soulan avaient saccagé les forêts de Riverenert.

    A Soulan ils mirent le feu à la forêt royale. Leur nombre était important et malgré la présence de la troupe dans les vallées, cela n’empêchait pas les belligérants de poursuivre leurs méfaits.

    Face à une impuissance flagrante la troupe se demandait s’il ne valait pas mieux essayer de surprendre les "Demoiselles".

    Pendant que les autorités se posaient cette question, les insurgés poursuivaient leurs actions….

    Trois compagnies étaient alors présentes dans la vallée. Deux autres furent dépêchées..

    On se posa la question de savoir s’il ne serait pas judicieux de mettre en place une police secrète pour infiltrer les mouvements des insurgés…

    La présence des compagnies installées à Massat, Boussenac et Labastide de Sérou incita alors les Demoiselles à attaquer d’autres zones où la troupe était absente.

     

    Début 1830 les Demoiselles défilent sur la place et dans les rues de Massat.

    Le nombre des insurgés est estimé à dix mille.

     

    MASSAT -  Des  DEMOISELLES sèment le trouble

    L'église et la place du village de Massat.

     

    Les charbonniers ont été chassés des forêts et leurs cabanes détruites.

    Fin 1829 les Demoiselles sont maîtresses des montagnes de Massat 

    Les Demoiselles défendent aux habitants de recevoir les gardes forestiers sous peine de voir leurs maisons sens dessus dessous.

      - Qui sont ces  Demoiselles ?

    En fait ces demoiselles sont des hommes, habitant la région et décidés à défendre leurs droits.

    Ils s'insurgent en se rassemblant sous une même bannière.

    Leur lieu commun sera la chemise qu'ils portent sur le pantalon et qui les fait ressembler à des femmes. On les a appelés pour cette raison, Demoiselles.

    Les hommes qui se cachent derrière ce déguisement sont méconnaissables avec leur visage barbouillé de suie.

    Ces paysans apparaissant à tous moments du jour ou de la nuit comme des fantômes ont terrorisé le pays pendant deux bonnes années.

    MASSAT - DES  DEMOISELLES qui font parler d'elles ...

     Quelles sont leurs revendications ?

    Les paysans de Massat ont de tout temps revendiqué et défendu âprement contre les seigneurs la liberté de prendre dans les forêts le bois qui leur était nécessaire et de faire paître leurs troupeaux dans les montagnes. Ils considéraient que c'était un droit acquis. Le bois cette matière première convoitée était indispensable à la survie des populations du Couserans.

    La révolution de 1789 fit naître l'espoir que ces besoins seraient pris en considération.

    Avec la Révolution de 1789, les communautés deviendront des communes qui resteront propriétaires de ces forêts.

     Il n’en sera pas de même avec Napoléon Ier qui va confisquer tous ces biens communaux et les intégrera au domaine forestier de l’État.

    Mais il y a plus grave pour les paysans pauvres des Pyrénées. Les forêts seigneuriales de l’Ancien Régime devenues “ biens nationaux ” sous la Révolution furent vendues à de riches bourgeois et se retrouvèrent ainsi “ biens privés ” dont les nouveaux propriétaires n’avaient de compte à rendre à personne.

    Ceux-ci contestèrent tous les droits ancestraux des anciennes communautés rurales, recrutèrent alors des gardes forestiers privés pour bouter les paysans hors de leurs domaines, déboisèrent sans pitié pour alimenter l’industrie et les nouvelles machines à vapeur. Mais, alors que la valeur du bois subissait une inflation galopante en raison de la forte demande industrielle – la houille n’était pas encore au goût du jour ! –, la forêt restait incontournable pour la survie des communautés paysannes d’Ariège dont la population venait d’augmenter de 30% en 30 ans !

     

     DE L'ECOLOGIE AVANT LA LETTRE ?

    Le 21 mai 1827 le nouveau code forestier est promulgué. Il restreint les droits des communes et des particuliers sur les bois.La préoccupation de l'état est de préserver les forêts et les pâturages. Il impose des règles plus strictes, interdisant à la population de couper du bois ou de nourrir les animaux. Il renforce, en outre les "pouvoirs" des gardes forestiers.

     CE DONT L'ETAT NE S'EST PAS RENDU COMPTE !

    Ces mesures privaient la population de ses ressources les plus vitales. Elles conduisaient à leur "asphyxie". Les paysans avaient toujours reconnu la propriété des communes sur les forêts et les pâturages. Ils se refusaient d'admettre la mainmise de l'état sur ce qu'ils considéraient comme un droit acquis. Ils entendaient défendre ce droit en se révoltant contre l'état qui voulait restreindre leurs libertés.

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