• MASSAT : Légende de l'étang de Lers

     

     
     

    MASSAT : Légende de l'étang de Lers

    Un peu au nord-est d'Aulus-les-Bains, sur les montagnes que domine le pic de Mont Béas, sommeille une nappe d'eau de quelques deux hectares de superficie : c'est l'étang de Lers

     

     
     
      Depuis une époque lointaine et peut-être des les temps préhistoriques, de vastes pâturages s'étendaient dans ces parages, et la tradition nous laisse croire qu'un village s'élevait autrefois à l'emplacement du lac actuel.   

    MASSAT : Légende de l'étang de Lers

     
     
    Aux beaux jours, alors que les plaques de neige s'amenuisaient et que le gazon reverdissait , les bergers de Lers conduisaient leurs troupeaux sur les hauteurs où, tout comme aujourd'hui encore, ils surveillaient les animaux pendant les canicules. 
     
     
     
     
     
     
    Dès l'apparition des premiers frimas, en septembre, les troupeaux redescendaient au village pour y passer la rude période hivernale.
     
     
    Cette rentrée au bercail donnait lieu à des réjouissances, et surtout à un festin copieux. La plupart des récoltes étaient rentrées, les granges regorgeaient de foin, et on pouvait envisager, en toute quiétude, l’endormissement de la nature.

    MASSAT : Légende de l'étang de Lers

    MASSAT - La légende de l'étang de Lers.

     

     

     MASSAT - La légende de l'étang de Lers.
     Au début de l'ère chrétienne, quelques hardis prédicateurs parcouraient alors les régions montagneuses pour essayer de convertir les habitants à la religion naissante. La population du village de Lers, comme celle de bien d'autres contrées voisines, était faite d'anciens peuples dont les croyances païennes étaient ancrées depuis des générations. Aussi les premiers propagateurs de la foi chrétienne ne bénéficiaient pas toujours d'un bon accueil parmi ces montagnards frustes et incrédules.

    MASSAT : Légende de l'étang de Lers

     

     

    MASSAT - La légende de l'étang de Lers.

    Au début de l'ère chrétienne, quelques hardis prédicateurs parcouraient alors les régions montagneuses pour essayer de convertir les habitants

     Certains soirs, alors que les bergers étaient descendus des hautes montagnes avec leurs troupeaux, le village était en fête. Le soleil dorait de ses derniers feux les sommets du Mont Béas ainsi que les ultimes crêtes qui l'accompagnent au nord et au sud. Les hommes mangeaient des quartiers de viande à peine passés au feu et buvaient des boissons fermentées faites de fruits sauvages ; les femmes s'affairaient à les servir. Les esprits étaient déjà quelque peu échauffés.  

    MASSAT - La légende de l'étang de Lers.

     

     

    MASSAT - La légende de l'étang de Lers.

     Troupeau de moutons redescendant du Port de Lers

     

     

    MASSAT - La légende de l'étang de Lers.

    Un peu en dehors du village, sur le chemin qui menait au col d'Eret, se trouvait une chaumière qu'habitait le berger Pascal.

     

    MASSAT - La légende de l'étang de Lers.

    La nuit va être terrible, répondit le gueux, et il serait nécessaire que nous quittions ce lieu aussi vite que possible.

     

    MASSAT : Légende de l'étang de Lers

    Le mont Béas depuis la route du Port de Lers

     

    Un jour, dans une demi clarté une sorte de vagabond apparut à la foule en liesse. Il était vêtu de haillons, les pieds nus dans des espadrilles faites de lianes ; il portait une besace sur les épaules et s'appuyait sur un gros bâton noueux. 

    - Que la paix du Ciel soit avec vous ! dit-il. Je viens vous demander un lit de fougère pour la nuit et un reste de votre repas pour calmer ma faim. Le temps semble vouloir devenir menaçant, et je crains un violent orage.

     

     

    Depuis un moment, en effet, de gros nuages lourds s'étaient amoncelés, et un vent glacial s'était mis à siffler à travers les ramures. 

    Celui qui paraissait être le chef de la communauté demanda au voyageur : 

    - Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Et où vas-tu ? Ici nous travaillons rudement pour amasser notre nourriture, et nous n'aimons pas que les paresseux viennent nous demander l'aumône !

     

    - Je ne demande pas grand-chose, répondit le chemineau qu’une humble hospitalité pour la nuit, et si je ne craignais pas le mauvais temps, j'aurais passé les cols pour chercher sur l'autre versant des montagnes quelque maison hospitalière.

     

    - Passe ton chemin, fainéant ! cria une voix plus hostile que les autres. Ici nous n'avons rien à  donner.

     

    L'homme n'insista pas. Il reprit son bâton, remit sa besace sur les épaules et se perdit dans la nuit... Cependant il n'alla pas loin. Un peu en dehors du village, sur le chemin qui menait au col d'Eret, se trouvait une chaumière qu'habitait le berger Pascal.

    Celui-ci était tenu à l'écart par les autres bergers, car on le croyait responsable de la mort de sa femme, survenue dans des circonstances mystérieuses .Il lui restait sa fille la belle Pascaline, à qui son père avait légué son prénom et de nobles qualités.

     

    Le chemineau s'en vint frapper à la porte de cette demeure, et derechef demanda l'hospitalité pour la nuit. 

    - Sois le bienvenu, lui dit Pascal. Tu vas partager notre repas et tu passeras la nuit ici. Demain matin tu pourras reprendre ton chemin. Il serait imprudent de parcourir la montagne en ce moment, car le temps devient très mauvais. 

    - La nuit va être terrible, répondit le gueux, et il serait nécessaire que nous quittions ce lieu aussi vite que possible. Les gens du village m'ont repoussé quand j'ai frappé à leur porte, et la colère céleste va se manifester. Tout va être englouti : maisons, hommes et bêtes. Viens, ta fille et toi vous serez épargnés. Mais je vous recommande de ne pas vous retourner une seule fois car vous seriez aussitôt changés en pierre.

     

    Vivement impressionnés, le père et la fille se saisirent à la hâte de quelques affaires puis ils suivirent le voyageur qui prit la direction de la haute montagne. 

    Alors le tonnerre fit entendre ses roulements sinistres au milieu des éclairs éblouissants qui zébraient le paysage. Puis des trombes d'eau s'abattirent sur le village ; et quelques instants après une énorme avalanche de terre et de pierres se détacha du flanc des monts et vint engloutir maisons et habitants en s'accumulant dans la dépression ainsi constituée pour  former le lac de Lers.

     

    Au moment où le cataclysme se produisit, la jeune Pascaline ne put s’empêcher de se retourner et de se mettre à prier. Elle fut aussitôt changée en pierre.

     

    Non loin des rives du lac, sur le chemin qui conduit au col d'Eret, on peut voir la jeune Pascaline figée à jamais dans la pierre.