• MONDOVI - Baignade de rêve au cabanon

     

     

     

     Du cap de Garde au Cap Rosa, la côte de part et d'autre de Bône était une  splendeur . C'était un spectacle d'une beauté à la fois simple et saisissante. 

    Une route suivait le bord de la mer et rejoignait le cap de Garde. C'était "la Corniche". 

    Les Bônois pouvaient jouir d'une promenade très agréable, une des plus belles d'Algérie. Comme eux nous faisions régulièrement notre tour de corniche le dimanche.

    En côtoyant la mer depuis l'avant-port  on parvenait à la « Grenouillère » . Là un établissement en planches, tel une paillotte proposait les meilleurs frites et merguez du monde. Au pied de la terrasse les vagues venaient s'échouer sur une belle plage spacieuse.

    Les plages, toutes aussi pittoresques les une que les autres se succédaient.

    St Cloud était une des plus caractéristiques. Sur le flanc de la colline qui descendait doucement vers la mer, des cabanons constituaient une petite cité dans laquelle Margot et Vincent possédaient un "pied à terre".

    Toutes les couleurs de la Nature s'y côtoyaient. On passait du bleu clair du ciel  à celui plus  intense de la mer avant d'atteindre  l'or fin des sables pour remonter vers l'ocre brun des rochers et le vert des arbres.

    Durant les années 1930, c'est dans ce cadre envoutant que mon père, adolescent, venait profiter du lever de soleil sur les flots, et écouter le calme de la Nature, harmonieusement troublé par la  majesté des vagues.

     

    1932 : Cette année là, le premier mai avait été une véritable journée d’été. Le hasard du calendrier voulait que ce soit un dimanche. Je me trouvais à Bône chez la tante Margot. En fait, tu le sais, elle s’appelait Marguerite c’était la plus jeune sœur de ma mère…une bonne vivante. Chez elle je me régalais de viande. Son mari, tonton Vincent était boucher à Bône. Il m’est d’ailleurs arrivé d’aller lui donner un coup de main à débiter de la viande.

    A chaque fois je partais avec un morceau de choix. Il est mort malheureusement assez jeune à la suite d’un coup de sabot de cheval. Cela a été le plus grand chagrin dans la vie de tata Margot parce que c’était un brave homme. Elle n’a jamais pu le remplacer 

     Une baignade de rêve.La corniche de Bône

     

     

     

     

    Une baignade de rêve.

    Margot et Vincent possédaient un cabanon sur la plage de St Cloud.  

     

    Margot et Vincent possédaient un cabanon sur la plage de St Cloud, une de ces petites maisons en bois sur pilotis que l’on pouvait voir tout au long de la corniche. La plage  de St Cloud était une des plus fréquentées parce qu’assez proche de la ville. Des gens s’y baignaient dès le mois d’Avril. Ce cabanon était pour moi l’évasion et la rêverie. J’adorais y dormir.

    La nuit on entendait la danse des vagues qui se jetaient à dix mètres de la terrasse où nous passions le plus clair de notre temps Une baignade de rêve.l’été.

    Ce jour là, lorsque je me suis levé, j’ai découvert un ciel d’une limpidité absolue. Pas un souffle de vent…presque personne sur la plage. Les vagues venaient se casser sur le sable comme si elles étaient lasses d’avoir fait leurs aller et retour toute la nuit. Je ne sais quelle force m’a poussé à descendre sous le cabanon pour y récupérer la vieille chambre à air qui nous servait de bouée. Je l’ai faite rouler jusqu’à l’eau, je me suis allongé dessus et lentement, sans même que je m’en rende compte mon radeau m’a porté suffisamment loin pour que ma tante devienne une silhouette sur la terrasse du cabanon. La faim se mit alors à me tirailler l’estomac. J’avais dû sans doute largement dépasser l’heure du petit déjeuner.

     

     Je me mis à plat ventre sur mon radeau. Le battement des bras dans l’eau la rendirent  de moins en moins fraîche jusqu’à ce que je la trouve vraiment bonne.

     

    La faim aidant, il me fallut beaucoup peu de  temps  pour rejoindre la rive . Margot était toujours sur la terrasse. Manifestement, elle m’attendait.

     MONDOVI - Baignade de rêve au cabanon

    Parmi ces cabanons, celui de Margot et Vincent

     

     

    - « Alors, tu ne déjeunes pas aujourd’hui ? » me dit-elle pendant que je remisais mon radeau.


    Là haut sur la table  du cabanon m’attendaient tous les ingrédients qui peuvent faire apprécier un petit déjeuner digne de ce nom. C’est ainsi que devait commencer ce premier mai 1932 alors que petit à petit la plage s’animait.