• MONDOVI - Bougie, ville des lumières

     

     

     

     

    Lorsque nous étions gamins, il arrivait que, ne sachant pas quoi faire, nous nous proposions de jouer aux devinettes. Dans le lot des devinettes originales, parce qu’inventées, il y en avait une qui revenait régulièrement :

    « Quelle est la ville la mieux éclairée ? »

    C’était, bien sûr « Bougie ».

    Nous ne savions pas, à l’époque, qu’avant de s'appeler ainsi, elle avait porté divers noms en langue romane. Les commerçants du midi de l'Europe l’appelèrent : Bugia, Buzia, Bugea, Buzana. Son dernier nom a été « Béjaia » avant d'être francisé en « Bougie ».

     

    MONDOVI - Bougie, ville des lulières

    Si la ville n’a pas été forcément la mieux éclairée d’Algérie, elle a connu au cours de son histoire une dynamique remarquable, sur le plan culturel, en particulier. Connue à l'époque romaine sous le nom de Saldae, elle est promue capitale du royaume vandale avant d'être islamisée au VIIIe siècle. Le royaume vandale est un royaume barbare fondé par le roi vandale Genséric en 435, qui règne sur une partie de l'Afrique du Nord-Ouest et la Méditerranée. 

     

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    D’abord petit port de pêche, "Bougie" a été aménagée en 1067 par le souverain berbère de la dynastie Hammadide qui en fait sa capitale. Les lettrés et les commerçants y transitent empruntant la route royale des Hauts plateaux vers la Méditerranée.

    MONDOVI - Bougie, ville des lulières

    Elle devient un des principaux centres culturels et scientifiques de la Méditerranée occidentale et une place commerciale importante pour l'Europe.

    Les marchands latins, Pisans et Génois, Andalous et plus tard Catalans la fréquentent.

    Les émirs de Sicile s'inspirent des palais de la ville pour construire ceux de Palerme

    La ville exporte diverses marchandises telles que des écorces tanniques pour le travail des cuirs, de l'alun, des céréales, des raisins secs, de la laine et du coton de Biskra et M'sila, des métaux ,de la poterie, du tissu, des teintures et des herbes médicinales. .

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    Elle exporte tout particulièrement, en quantité vers l’Europe, de la cire d’abeilles qui permet de confectionner les fameuses « bougies » qui nous servent encore aujourd’hui d’éclairage d’appoint.

    Ces échanges économiques seront en France, à l’origine de la naissance du mot « bougie ».

    Après l’indépendance la ville a repris le nom qu’elle avait lors de la conquête française. Elle est redevenue « Bejaia ».

     

    Voici comment Guy de Maupassant, décrivait "Bougie" dans une de ses nouvelles, "Marroca" en 1881 lors de son voyage en Algérie .

    « De loin, de très loin, avant de contourner le grand bassin où dort l'eau pacifique, on aperçoit Bougie. Elle est bâtie sur les flancs rapides d'un mont élevé et couronné par des bois. C'est une tache blanche dans cette pente verte: on dirait l'écume d'une cascade tombant à la mer. Dès que j'eus mis le pied dans cette toute petite et ravissante ville, je compris que j'allais y rester longtemps. De partout l’œil embrasse un vaste cercle de sommets crochus, dentelés, cornus et bizarres, tellement fermé qu'on découvre à peine la pleine mer et que le golfe a l'air d'un lac. L'eau bleue, d'un bleu laiteux, est d'une transparence admirable, et le ciel d'azur, d'un azur épais, comme s'il avait reçu deux couches de couleur, étale au-dessus sa surprenante beauté. Ils semblent se mirer l'un dans l'autre et se renvoyer leurs reflets. »