• MONDOVI ? - Entrons ! -

     

     

     

    Lorsque la situation le permettait, je veux dire, avant que les troubles ne perturbent les déplacements, nombreux étaient les Bônois (habitants de Bône, aujourd’hui Annaba)  qui poussaient une visite à Mondovi.  Sur 25 kilomètres la route traversait une des plus belles et des plus riches plaines d’Algérie.

    A l’entrée, avant d’atteindre les premières maisons un centre de santé avait été édifié vers la fin des années cinquante. Il était fréquenté essentiellement par les indigènes. Juste en face un grand portail, le plus souvent ouvert était l’issue de la Tabacoop, importante coopérative de tabac. C’est par là que sortaient les grands camions après avoir livré les balles de tabac sur les quais immenses des docks de l’usine.

    La Tabacoop  faisait figure d’un véritable complexe industriel avec ses docks impressionnants, son unité de traitement des feuilles de tabac qui avait pris le nom de kester, fabricant des machines qu’on y utilisait, ses installations à but social (tennis, boulodrome lyonnais, square de jeux pour enfants). Jouxtant les locaux de l’usine, face aux logements du personnel, une placette a fait office de place d’armes pour les troupes installées pendant les conflits.

    Sur la gauche, au premier carrefour, s’alignaient le long du « Boulevard du Nord » de belles villas qu’occupaient les experts des tabacs. Recrutés pour leurs compétences, ils représentaient  la « SEITA », organisme d’état qui achetait le tabac. De leur décision concernant la qualité des plants, dépendait le montant  de la transaction entre les producteurs et l’état. Ils faisaient  partie du personnel le mieux rémunéré.

    Une fois le premier carrefour franchi, on rentrait réellement dans le village . A cet endroit existait primitivement une porte qui permettait de franchir les murs  construits pour protéger le village durant sa construction. Là commençait  la rue nationale sur laquelle  étaient installés les locaux administratifs.

    Des vieilles cartes postales présentent à cet endroit un local portant l’enseigne « Boutures Américaines ». Il s’agissait de l’entrepôt d’une entreprise née de la nécessité de produire des boutures de vigne indispensables à la survie du vignoble atteint à une époque du phylloxéra. Saisissant cette opportunité certaines personnes sans le sous se sont enrichies et ont contribué à donner au mot « colon » l’acception qu’on lui attribue aujourd’hui, celui de personnes riches. Le colon étant, en fait, celui qui s'installe dans une colonie.

    Lorsque les besoins en « plants américains » ne se sont plus fait sentir, les locaux ont été vendus. C’est un couple originaire de l’est de la France qui en fit un bistrot. L’épouse s’occupait plus particulièrement de servir les clients. Elle avait belle prestance avec sa chevelure blanche toujours impeccable. Le mari, brave homme, calme et discret arrondissait ses fins de mois en se faisant embaucher à la coopérative de tabacs durant la « haute » saison.

    Un peu plus haut les deux frères  Zammit s’étaient installés. La famille était d’origine maltaise. René, boulanger de profession avait ouvert une boulangerie quant à Fernand, il possédait ce genre d’établissement où il était possible de se procurer  les articles les plus divers et les plus variés : c’était le  « Bazar » de Mondovi. Quand on allait y acheter un article on disait communément « je vais chez Zammit ». Il était connu de toute la population de la contrée.

    Un jour, parcourant « Internet », le hasard a voulu que je « tombe » sur un récit très nostalgique d’un certain Rodiguez, habitant de Bône qui avait pour habitude d’aller à la chasse dans les environs de Mondovi. Cela se passait en général le dimanche.

    Voici ce qu’il raconte (il écrit comme il parle, à la façon dont il le faisait là-bas) :

    Vous pouvez agrandir les photos ! 

    MONDOVI ? - Entrons ! -

    Sur 25 kilomètres la route traversait une des plus belles et des plus riches plaines d’Algérie. 

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    Un centre de santé avait été édifié vers la fin des années cinquante

     

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    La Tabacoop  faisait figure d’un véritable complexe industriel avec ses docks impressionnants

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    La Tabacoop aujourd'hui délabrée

     

    Les jours heureux de Gérard Rodriguez.

    Et puis demain dimanche on va à la chasse au sanglier à sidi-djemil avec le side-car, on passera par Duzerville et Mondovi et à Mondovi, y a un bar qui fait le coin on prenait un café, le jour n'était pas encore levé, j'allais un peu plus loin sur le même trottoir et je poussais une grande porte de bois vieillit et une autre porte et c'était la boulangerie et un vieux monsieur me donnait un grand pain tout chaud, ah comme il sentait bon !! Et vers 11 h dans les montagnes de sidi-demil on le mangeait avec une boite de sardines, on avait une de ces putains de faim, et on s'allongeait dans l'herbe 10 mn, pour se relever d'un coup sec à rapport que les traqueurs venaient de voir des sangliers, et criaient

    -" aoujek ! aoujek !  va saoir ques ce sa veut dire. (cela veut dire "ils arrivent, ils arrivent")

    On se levait d'un coup et mon père disait,

    -" diocane " " ya pas moyen de s'la faire la sieste "

    Ah !!Mondovi ce village mythique du début de la grande aventure , il n’a pas changé du moins dans son centre , autour oui ,ont poussé des dizaines d’immeubles et maisons encore une fois dans un total cafouillage ,aucune urbanisation réelle ,je voulais aller à Mondovi car pour moi il fait partie de mon enfance .c’est là que chaque dimanche, tous les chasseurs et mon papa jeannot inclus qui allaient à la chasse au sangliers se retrouvaient vers les 4 heures du matin avant de partir pour sidi djemil .et oui c’était le point de ralliement , et là je retrouve le bar ou les chasseurs se réunissaient il est devenu un bureau du gouvernement et plus loin par contre le boulanger est toujours là.. juste sa porte qui était en bois est maintenant remplacée par deux rideaux de fer , mais les gros arbres sont là , ces arbres ,ou nanti de ma carabine à plomb , oui nanti de la carabine à plomb je tournais autour en me prenant pour david crocket , ah Mondovi , tu as été la route de l’aventure pour bien des pieds noirs ,mais pour moi tu as été la route de sidi djemil celle qui me menait aux montagnes dans lesquelles mon papa jeannot, le roi des chasseurs à tué tant de sangliers . et je retrouve en parlant un algérien agé qui se rappelle de nous , oui il me dit# oh oui je me rappelle des chasseurs qui chaque dimanche s’arrêtaient pour le café. Il faisait encore nuit ,tout Mondovi dormait . mais nous les chasseurs bardés de nos cartouchières, nous étions là , oui Mondovi centre n’a pas changé 

    Tous les chasseurs, tous ceux qui, femmes et enfants venaient, on se retrouvait à Mondovi, devant le bar des chasseurs. Il était autour de 6 heures du matin.

    Arrivé a Mondovi. Tous étaient là, on aurait cru une vraie choumarelle. Les femmes, les enfants, les chasseurs bardés de leur cartouchière, comme si ils allaient à la guerre, je crois bien que nous devions réveiller tout Mondovi avec notre tchatch. Tout le monde se comptait.

     

    - Aller! aller! Les enfants, montez et commencez pas à me faire jbattre! hein!

    Dire que nous étions excité n'est pas le mot. Non! non! Nous étions simplement heureux. Et il m'est facile de traduire 50 ans plus tard une époque qui a disparue. Nous prenions la route qui serpentait depuis Mondovi pour arriver à Sidi Djemil et là je ne sais pas par où nous passions, mais on quittait Sidi Djemil pour s'enfoncer par une route de terre, dans une sorte de colline à travers les oliviers d'où s'envolaient des centaines d'étourneaux. Attention!!!! que celui qui tirait sur les étourneaux y se faisait engueuler, car on était là pour les sangliers!

     

    MONDOVI ? - Entrons ! -

     

    Jouxtant les locaux de l’usine, face aux logements du personnel, une placette a fait office de place d’armes pour les troupes installées pendant les conflits.