• AUDE - Un tour en Pays cathare.

     

     

    Et si nous faisions un petit tour dans l’Aude…

    Il fait beau. La saison touristique n’est pas entamée. Les journées ont allongé : des conditions idéales pour sortir.

    Dans un périmètre réduit du département, une concentration de châteaux attestent de l’histoire de ces hommes qui ont occupé ces fières citadelles du vertige qui se dressent comme des nids d’aigle sur les sommets des Corbières et se confondent avec le rocher. On leur a improprement accolé le qualificatif « cathare » alors qu’elles existaient bien avant que l’on parle de catharisme.

    Comment sont nés ces châteaux ?
     

    Au IXe et Xe siècles, devant les invasions, les guerres, les brigandages, les grands propriétaires commencèrent à construire des château fortifiés.

    Ce furent d'abord de simples bâtisses en bois juchées sur des "mottes" et protégées par des fossés ou des palissades

    Puis le bois laissa la place à la pierre et le château devint une puissante forteresse où, à l'approche dû danger, les gens d'alentour pouvaient se réfugier.

    La pierre était un luxe. Un grand nombre de seigneurs n'avaient ni les moyens de l'employer ni les ressources nécessaires pour payer les maçons.

    Peu à peu, cependant, la pierre s'imposera partout. Mais en conséquence, le nombre de château diminuera.

    Seuls se maintiendront ceux des barons qui règnent vraiment sur une contrée, ont de nombreux vassaux et peuvent faire figure de chefs.

     

    Autour des châteaux commença à se mettre en place, à partir du XIe siècle, ce qui allait devenir le réseau des châtellenies. Tantôt ces châteaux vinrent s'ajouter à une agglomération préexistante, tantôt leur présence fit disparaître des implantations humaines qui se regroupèrent à l'intérieur des enceintes, tantôt, enfin leur présence fit naître une agglomération nouvelle dans les environs de la forteresse.

    Les châteaux ont donc contribué à remodeler la carte des implantations humaines dans la France des XIé et XIIé siècle et ont contribué à faire passer à la postérité les noms de leurs propriétaires (L'Isle-Adam, la Ferté-Bernard

    Ils ont également permis l'appellation de certains lieux : Château-Renault, Rochefort, Beaufort etc...

     

    Les "forteresses cathares" sont nombreuses… plus ou moins connues…plus ou moins intéressantes sur le plan historique.

    Il nous faut en choisir une.

    Sur quels critères allons-nous le faire ?

     Pour la taille ? C’est sans conteste CARCASSONNE et sa cité.

     

     Pour l’impression de robustesse ? Cela peut-être PEYREPERTUSE

     

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     Pour , la conservation ? Nous pencherions pour QUERIBUS

     

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    Pour  symboliser  la fin du Catharisme c'est le merveilleux VILLEROUGE- THERMENES.

    Ici  a été brûlé Bélibaste, le dernier cathare. Nous avions raconté son histoire.  

    LIRE L'HISTOIRE DE BELIBASTE

     Pour les péripéties du siège ? Sans hésiter … nous choisssons TERMES...même s'il est bien abimé !

     

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    C’est donc le château de Termes que nous choisissons. Cela ne nous empêchera pas, au cours de notre chemin, d'en découvrir ou en redécouvrir d’autres pour les inscrire dans le contexte historique qui a marqué le Languedoc du IXe au XIIIe siècle.

     

    Pour profiter pleinement de nos visites il faut d’abord que nous nous replongions dans l’évènement qui a fait parler de ces forteresses.

    Le catharisme.

    Le catharisme est une doctrine importée d’Asie et de Bulgarie. Elle va à l’encontre de la doctrine catholique. Elle s’est d’abord installée dans la région d’Albi. Pour cette raison on parlera de « Croisade contre les Albigeois ».

    « Cathare » est un mot grec qui signifie « pur ».

    Déviance de la religion catholique, une des particularités de la doctrine est la croyance de l’existence de deux Dieux : celui du Mal et celui du Bien.

    On distinguait deux sortes de cathares :

    Le « Parfait » faisait partie d’une l’élite. Il avait reçu une sorte de sacrement appelé « Consolamentum ».

    Il menait une vie austère, dans la pénitence et la pauvreté.

    Les autres cathares étaient de simples fidèles qui avaient fait le choix de recevoir le sacrement à l’heure de leur mort.

     

     Comment expliquer l’implantation de cette doctrine dans le midi de la France ?

    Durant les années 1170 la conduite du clergé se révèle désastreuse. Beaucoup de prêtres se livrent à toutes sortes d’excès et de débauches. La doctrine cathare est fondée sur l’évangile de St Jean et rejette l’Ancien Testament. Elle permet à chacun de vivre comme il l’entend.

    A l’origine, les châteaux dits cathares étaient occupés par des seigneurs méridionaux que l’esprit de tolérance poussa à accueillir des troubadours et des cathares.

    Le plus puissant d’entre eux, le Comte de Toulouse, Raymond VI, bien que catholique laissa le catharisme se propager. Un autre seigneur Roger de Trencavel, gouverneur de Carcassonne fit preuve, lui aussi de beaucoup de tolérance envers les adeptes de la nouvelle doctrine.

    Dès la fin du XI ème siècle "l’hérésie Albigeoise" s’est étendue dans tout le Languedoc.

     La France en 1180

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    En vert clair les possessions du comté de TOULOUSE et celle de la famille de TRENTAVEL, gouverneur de Carcassonne.

     Il fallait s’attendre à une réaction de l’église catholique.

    Jusqu’en 1208 le Pape Innocent III, chef de l’église catholique tenta d’endiguer la doctrine cathare. Toutes les tentatives furent vaines. Pour réduire l’hérésie, des prêcheurs dont St Dominique, furent envoyés. Ce qui déclencha les hostilités est, le quinze janvier 1208, l’assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau. L’assassin était un écuyer du Comte de Toulouse dont le penchant pour le catharisme était connu..

    Sous prétexte de soutenir l’église catholique, dans sa lutte contre le catharisme, devant l’indécision du roi de France, les nobles du nord de la France entreprirent avec enthousiasme ce qu’on a appelé la « Croisade des Albigeois ».

     

     Qui était le roi de France à cette époque ?

    Philippe II de France, dit Philippe Auguste, est né à Paris en 1165 et mort à Mantes en 1223.

    Il fut roi de France de 1180 à 1223.

    Il est le fils et successeur de Louis VII et fait partie de la dynastie capétienne.

    Surnommé « Auguste » par son biographe, pour avoir quadruplé le domaine royal, Philippe II a été le premier souverain capétien à concevoir sa fonction aux dimensions de la France.

    Son règne a été essentiel dans la formation de la France

     

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     Le but de cette croisade : s’opposer aux seigneurs méridionaux pour les empêcher de servir le catharisme considéré comme une contre-église.

    Ils constituèrent une armée forte d’environ 50 000 hommes à la tête de laquelle se trouva Simon de Montfort, un petit Seigneur de l’Ile de France.

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    Cette armée était constituée de Flamants, de Bourguignons, de Normands mais aussi d’hommes d’église qui se proposaient de combattre les infidèles.

     

     Les étapes de la croisade.

    Depuis Lyon, ces hommes qu’on appelait « Croisés » descendirent la vallée du Rhône pour atteindre les villes où l’hérésie était la plus menaçante :

    Béziers (22 juillet 1209) où 20 000 personnes furent massacrées.

    Carcassonne (Premier août 1209). Le Vicomte Roger de Trencavel, le gouverneur , capturé et emprisonné dans une des tours de son château y mourut en novembre 1209.

    La cité subit de formidables assauts de l’armée des croisés constituée de 20 000 hommes. Le manque d’eau entraina la capitulation des défenseurs la cité. Simon d Montfort devint le successeur à la place de Roger de Trencavel.

     

     

     Simon de Monfort s’attaque au château de Termes

     

    La forteresse de Termes, citée dans les textes à partir du XIe siècle, occupe au-dessus des vertigineuses Gorges du Termenet un haut rocher aux impressionnantes parois verticales, émergeant entre chênes et genévriers au cœur du Pays Cathare.

     

    Dans ce site naturel, à 470 m d’altitude, le château était l’un des plus puissants du Languedoc, et régnait sur le Termenès, seigneurie d’une soixantaine de villages. Les seigneurs de Termes étaient favorables au Catharisme : à l’époque de la Croisade, Raimond n’aurait pas fait dire la messe dans la chapelle depuis plus de trente ans.

     

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    Quand Simon de Montfort s’attaque au château de Termes, en août 1210, il compte sur un siège rapide. Béziers n’est-elle pas tombée en un jour, Carcassonne en quinze ?

    Mais la citadelle cathare résiste, défendue par Raimond de Termes avec quatre cent soldats, vingt chevaliers et, chose rare, un ingénieur spécialiste des machines de guerre.

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    Après trois mois, citernes à sec, Termes va capituler quand un orage providentiel le sauve in extremis. Il ne cèdera qu’au bout de seize semaines, vaincu non par les Croisés démoralisés, mais par la dysenterie. Ce fut l'un des plus longs et des plus épiques événements de la croisade.

     

    RESUME DU RECIT DU SIEGE DE TERMES PAR UN DES COMBATTANTS :

    Pierre des Vaux de Cernay, dans «Historia Albigensis» (extraits)
    (30 juillet - 23 Novembre 1210)
     



    L’approche d’une grande troupe de bretons fut annoncée au comte, Simon de Montfort.
    Celui-ci tint conseil et confiant dans l’appui de Dieu, marcha vers le château de Termes. Pendant que le comte était en route, des chevaliers qui se trouvaient à Carcassonne tirèrent les machines de guerre qui étaient dans la ville et les firent placer hors des remparts afin d’être amenées au comte qui se hâtait d’assiéger Termes.

    Description de Termes. Termes, situé en territoire Narbonnais, à cinq lieues de Carcassonne, était d'une force étonnante et incroyable. Il semblait humainement tout à fait imprenable il était bâti au sommet d’une haute montagne sur un grand rocher naturel, entouré de ravins profonds et inaccessibles où couraient des torrents qui entouraient le château ces ravins étaient bordés de rochers si hauts et si réfractaires pour ainsi dire à la descente que celui qui voulait atteindre le château devait d’abord se laisser glisser dans le ravin et ensuite ramper pour ainsi dire vers le ciel. De plus, à un jet de pierre du château un piton isolé portait un fortin de petite dimension, mais d’une grande solidité nommé Termenet. 

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    Le seigneur de Termes était un chevalier nommé Raymond, vieillard livré à un sens réprouvé et hérétique avéré. En un mot, il ne craignait ni Dieu ni les hommes. 

    Il recruta le plus grand nombre de chevaliers possibles, approvisionna le château d’une grande quantité de vivres

    Début du siège. Arrivé devant Termes, notre comte commença le siège avec peu de troupes et s’installa dans une partie des constructions. Les défenseurs, nombreux et bien armés, nullement intimidés par notre petit camp, sortaient et rentraient librement pour chercher de l’eau et tout ce qu’il leur fallait sous les yeux des nôtres qui étaient incapables de les en empêcher.

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    Pendant ces allées et venues, des croisés du nord arrivaient au camp de jour en jour, peu nombreux et goutte à goutte.
    Peu après, des croisés de la France du nord et des pays germaniques commençaient à arriver par troupes nombreuses.

    A cette vue, nos ennemis prirent peur, cessèrent leurs moqueries et devinrent moins présomptueux et moins hardis.

    PHASE 1

    Notre comte faisait dresser des pierrières qui bombardèrent le premier rempart du château. Les nôtres s’occupaient tous les jours aux travaux du siège.
    Les machines mises en batterie près du château bombardaient tous les jours les murailles.

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    Dès que les nôtres s’aperçurent que le premier rempart était affaibli par le jet continuel des pierres, ils s’armèrent pour prendre d’assaut le premier faubourg

    Quand les ennemis les virent s’approcher des remparts, ils incendièrent ce faubourg et battirent en retraite vers le faubourg supérieur.

    Les nôtres pénétrèrent dans le premier faubourg mais ils en furent promptement chassés par une sortie de l’ennemi.

    PHASE 2

    Les choses en étaient là, quand les nôtres remarquèrent que la tour de Termenet, déjà nommée, garnie de chevaliers, entravait la prise du château dont elle était voisine ils cherchèrent le moyen de s’en emparer.

    Au pied de la tour, bâtie, comme nous l’avons dit, au sommet d’un piton rocheux, ils mirent des sentinelles pour empêcher les défenseurs d’aller au château et la garnison du château de porter secours en cas de besoin à ceux de la tour. De plus, quelques heures plus tard, les nôtres installèrent un mangonneau, non sans extrême difficulté ni périls dans un endroit (presque) inaccessible entre la tour et le château.
    A son tour, la garnison du château dressa un mangonneau qui lançait de gros projectiles sur le nôtre sans toutefois pouvoir l’endommager.

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    Notre mangonneau bombardait la tour sans discontinuer.

    Les défenseurs se rendaient compte qu’ils étaient bloqués et que ceux du château ne pouvaient leur porter aucun secours. Une nuit, saisis de peur, ils cherchèrent leur salut dans la fuite et évacuèrent les lieux.

    Aussitôt que les sergents de l’évêque de Chartes, qui faisaient le guet à la base, s’en aperçurent, ils entrèrent dans la tour et arborèrent au faite la bannière de leur évêque. Pendant ce temps, d’un autre côté, nos pierrières bombardaient sans cesse les murailles du château.
    Toutefois, aussitôt que nos ennemis, en homme pleins de courage et d’ingéniosité, s’apercevaient que nos machines avaient endommagé une de leurs murailles, ils élevaient tout près et à l’intérieur une barricade de pierres et de bois.

    Aussi, chaque fois que les nôtres ouvraient une brèche, ils ne pouvaient avancer à cause de la barricade que l’ennemi avait élevée. Les assiégés n’abandonnèrent jamais une de leurs murailles sans en construire une autre à l’intérieur.

    PHASE 3

    Sur ces entrefaites, les nôtres installèrent un mangonneau près des remparts à l’abri d’un rocher dans un endroit presque inaccessible. Lorsqu’il fonctionnait, il causait beaucoup de dégâts chez l’ennemi. Notre comte préposa trois cents sergents et cinq chevaliers à la garde de ce mangonneau dont la sécurité inspirait beaucoup de craintes. Les nôtres en effet, n’ignoraient pas que leurs adversaires mettraient tout en œuvre pour détruire un engin si nuisible pour eux. 

    Un jour, les assiégés, au nombre de quatre vingt, sortirent du château armées de boucliers.

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    Ils accouraient pour détruire la machine. Derrière eux une infinité d’ennemis apportaient du bois, du feu et toutes sortes de combustibles. Pris de panique, les trois cents sergents de garde près de la machine se sauvèrent tous. Bientôt, il ne resta que les cinq chevaliers.
    A l’approche des adversaires, tous nos chevaliers prirent la fuite, à l’exception d’un seul, Guillaume de l’Ecureuil. Celui-ci, voyant les ennemis se mit avec la plus grande difficulté à grimper sur la roche face à eux. mais ils se précipitèrent sur lui tous à la fois. Lui se défendait avec une bravoure remarquable. Les ennemis, comprenant alors qu’ils n’arriveraient pas à le faire prisonnier, le renversèrent avec leurs lances sur le mangonneau et jetèrent sur lui du bois sec et du feu, mais notre vaillant chevalier se relève aussitôt et disperse le feu. L’engin demeure intact. Quand les nôtres jugèrent que notre chevalier ne pourrait échapper, puisque personne ne pouvait le secourir, ils créèrent une diversion et se dirigèrent vers la partie opposée des remparts comme pour donner l’assaut. Alors, les ennemis desserrèrent leur étreinte autour de Guillaume de l’Ecureuil et se replièrent dans le château.
    Entre temps, le noble comte de Montfort souffrait d’une détresse si grande et si pressante que très souvent il n’avait rien à manger. Le pain même faisait défaut à plusieurs reprises.

    Nous le savons de sources sûres .Il lui arriva de s’absenter volontairement quand approchait le moment des repas et, de honte, il n’osait rentrer sous sa tente parce qu’il était l’heure de manger et qu’il n’avait pas seulement de pain.

    Projet de capitulation: A ce moment, nos ennemis manquèrent d’eau. Leurs voies d’accès étant bloquées depuis longtemps par les nôtres, ils ne pouvaient plus sortir pour puiser de l’eau, et quand l’eau manqua, le courage et l’envie de résister leur manquèrent également. Ils parlementent avec les nôtres ils négocient la capitulation sur les bases suivantes. Raymond, seigneur de Termes promettait de livrer son château au comte pourvu que celui-ci lui laissât le reste de sa terre et lui rendit le château aussitôt après pâques. Pendant qu’on discutait les clauses de cette capitulation, les évêques de Chartres et de Beauvais, le comte Robert et le comte de Ponthieu s’apprêtèrent à quitter le camp.
    Notre comte voyant que le départ des susdits croisés allait le laisser presque seul, réduit à une telle extrémité, accepta, quoique à regret, la proposition de l’ennemi. Les nôtres parlementent de nouveau avec les assiégés. La capitulation est ratifiée et notre comte fit dire à Raymond, seigneur de Termes, de sortir du château et de lui livrer. Celui-ci refusa de sortir ce jour-là et s’engagea formellement à rendre son château le lendemain au début de la matinée.

    Un miracle?

    La nuit suivante comme si le ciel était rompu et toutes ses cataractes ouvertes, il s’en échappa soudain une pluie si abondant que les assiégés, après avoir souffert du manque d’eau et offert de capituler pour ce motif, en furent saturés.
    Dès le commencement du jour, notre comte envoya un message à Raymond, seigneur de Termes, et lui ordonna de livrer son château conformément à la promesse de la veille. Mais celui-ci approvisionné abondamment de cette eau, dont la privation l’avait poussé à se rendre et voyant en outre les gens de l’armée se retirer, rompit en homme pétri d’inconséquence et de duplicité qu’il était, l’engagement qu’il avait pris.

    Toutefois, deux chevaliers sortirent du château et vinrent se rendre au comte parce que la veille ils avaient promis formellement à son maréchal de se constituer prisonniers. Quand le maréchal fut revenu auprès du comte et qu’il eut rapporté la réponse du seigneur de Termes, l’évêque de Chartres qui tenait à partir le lendemain conseilla de renvoyer encore le maréchal auprès de Raymond et de lui offrir la capitulation à n’importe quelles conditions pourvu qu’il livrât son château. pour convaincre plus facilement ledit Raymond, l’évêque de Chartres conseilla au maréchal d’emmener avec lui l’évêque de Carcassonne, qui était dans le camp pour ce motif qu’il était originaire du pays et qu’il était bien connu du tyran de plus, parmi les assiégés se trouvait la mère de l’évêque (fameuse hérétique) et le frère de l’évêque, savoir Guillaume de Roquefort. Ce Guillaume était très cruel et autant qu’il était en lui un des pires ennemis de l’Eglise. Ainsi donc l’évêque de Carcassonne et le maréchal du comte se rendirent auprès de Raymond aux paroles ils ajoutèrent les prières et aux prières les menaces Ils s’efforcent avec persistance d’amener ce tyran à écouter leurs conseils et à se soumettre de la manière dont on l’a dit plus haut à notre comte ou plutôt à Dieu même, mais celui dont le maréchal avait déjà éprouvé l’entêtement et l’obstination témoigna envers l’évêque de Carcassonne et le maréchal d’un entêtement plus obstiné encore. Ledit Raymond ne voulut même pas tolérer que l’évêque eût un entretien secret avec son frère Guillaume. L’évêque et le maréchal, ayant échoué dans leur mission, revinrent auprès du comte.

    Reprise des combats et chute de Termes. Après le départ des susdits nobles et évêques, notre comte se voyant presque seul et à peu près abandonné, inquiet et troublé ne savait que faire. Lever le siège. IIl ne le voulait à aucun prix. Prolonger son séjour. Cela lui était impossible, vu le grand nombre et l’armement de ses ennemis, l’insuffisance de ses propres troupes, en majorité non équipées. Comme nous l’avons dit plus haut, le gros de l’armée était parti avec les évêques et les comtes Le château était encore très fort.

    On estimait que seule une très puissante armée d’assiégeants était capable de s’en emparer. Enfin l’hiver approchait, très rude d’ordinaire en ces régions. Termes était situé dans les montagnes, nous l’avons déjà dit. Les pluies torrentielles, le vent qui tourbillonnait, la neige qui tombait en abondance rendirent cet endroit glacial et presque inaccessible.

    Un beau jour des croisés à pied survinrent de Lorraine. Le comte enchanté de leur arrivée, resserre le siège autour de Termes et sous l’impulsion du vénérable archidiacre Guillaume, les nôtres reprirent leur courage et leur activité.
    Ils traînèrent plus près des remparts les machines dont le rendement jusqu’ici avait été faible. Ils les manœuvrèrent sans discontinuer et affaiblirent sensiblement les remparts
    Après un bombardement prolongé qui affaiblit en grande partie les remparts et le donjon, le jour de la Sainte Cécile, le comte ordonna de creuser une tranchée et de la couvrir de claies, afin que les mineurs puissent atteindre le rempart et en saper la base.
    Les assiégés, saisis de crainte et complètement désespérés, sortirent tout à coup du château et essayèrent de fuir. Quand les nôtres au camp s’en aperçurent, ils donnèrent l’alarme et commencèrent à courir çà et là pour encercler les fuyards. Pourquoi tarder davantage Beaucoup réussirent à s’échapper, quelques-uns furent faits prisonniers, plusieurs furent mis à mort. Un croisé chartrain,  fit prisonnier, Raymond, seigneur du château, qui s’était caché en quelque retraite, et il le conduisit au comte qui le reçut comme un don précieux et au lieu de le faire mourir le fit enfermer au fond d’une tour de Carcassonne où pendant plusieurs années il subit le châtiment et connut des misères qu’il avait bien méritées.