Boutique au Centre Ostréicole de Leucate.

 78

Le comble de l'optimisme, c'est d'entrer dans un grand restaurant et compter sur la perle qu'on trouvera dans une huître pour payer la note.

Tristan Bernard - Paul Bernard 

On nous parle beaucoup de gestes barrières, depuis maintenant deux ans.

Voilà qui m'amène à parles du mouchoir. Ne fait-il pas partie des accessoires indispensables de nos jours ?

Pierre Perret, auteur et chanteur français, né à Castelsarrasin  donne au mouchoir cette définition

« Le mouchoir, c'est un parc à huîtres. »

Images du temps où un morceau de tissu de la taille d’un demi torchon encombrait une de nos poches…quelquefois deux quand le rhume nous assaillait. Il faut bien reconnaître que parquer  les huitres à longueur de journée … quelquefois plus longtemps…ne faisait pas  preuve d’hygiène. Mais le mouchoir de l’époque ne servait pas qu’à ça.

Lorsque j’étais gamin un mouchoir plié en deux en diagonale et fixé sur le nez, suffisait à me ranger dans le camp des voleurs face aux camarades gendarmes. 

Un peu plus tard il suffisait de faire un nœud au mouchoir pour nous remémorer ce que nous avions  d’impérieux à faire : un moyen mnémotechnique, en quelque sorte.

Sur une des photos de classes qui figure dans l’album de famille, je suis assis au premier rang. Un de mes genoux est « décoré » d’un mouchoir. Je l’avais noué autour d’une plaie,  conséquence d’une chute durant la récréation. C’était à l’école primaire.

A mon entrée au Lycée -  (le collège unique n’existait pas à l’époque)  - mon statut de pensionnaire a imposé que quelques mouchoirs fassent partie du  trousseau d’internat.

Juste avant cela, j’ai connu la façon noble d’utiliser le mouchoir en le baptisant « pochette ». Lors de ma communion solennelle - ( on dit maintenant "profession de foi " ) - outre le brassard fixé au bras, la pochette dépassant élégamment de la poche supérieure du costume complétait l’accoutrement qui faisait partie des traditions de l’époque et grevait sérieusement le budget des familles. Mais que ne ferait-on pas pour plaire à … la galerie.

A défaut de permettre de se moucher c’est à dire « Presser les narines pour en faire sortir les mucosités » le mouchoir a été l’occasion de multiples  utilisations.

C’est au Lycée que j’ai appris  de façon incongrue que la ville de Cholet  était spécialiste de la fabrication du mouchoir. Madame Cholet était un de nos « profs » d’histoire-géo… Pas une poupée irrésistible mais avec des atouts qu’on aurait pu mieux apprécier si elle  n’avait été aussi à cheval sur les principes de discipline. Elle a tout de même permis de parfaire ma culture en matière de mouchoir.

 Plus tard mon mouchoir, j’en ai trouvé l’utilité  en l’agitant  pour dire adieu à tous ceux  qui nous avaient accompagnés sur le quai pour le départ vers notre nouvelle vie. Nous prenions le bateau pour la France. Fatigué d'avoir attendu des heures j'ai soigneusement étalé mon morceau de tissu sur une male pour voir défiler les quais du port que j'avais si souvent arpentés.

Finies ces parties de boules en plein soleil durant lesquelles les spectateurs démunis de casquette ou de chapeau se protégeaient d’un mouchoir noué aux quatre coins "encastré"  sur la tête.

Je revois encore ma grand-mère paternelle assise à l'entrée de sa modeste maison, brodant sur le coin d'un mouchoirs les initiales d'une future jeune mariée. Il fallait faire douze fois la même chose : un travail qui me paraissait vraiment fastidieux.

Dire que nous étions tout le temps munis d'un mouchoir serait mentir. Il nous arrivait de faire comme les Grecs ou le Romains et de nous moucher dans les doigts. Il arrive que les footballeurs professionnels le fassent devant des milliers de téléspectateurs et ce n'est pas ce qu'il y a de plus photogénique. 

Il était bien pratique d’essuyer nos narines avec notre manche. Les paysans et les seigneurs du Moyen Age  se servaient, eux,  du revers de leur veste.

Nos habitudes, nos traditions, notre vie quotidienne ont été « chamboulées » par l’arrivée du mouchoir en papier. Comme quoi il suffit d’un rien pour faire évoluer une société. Pourtant à la cour du japon au IXème siècle les dames utilisaient déjà des mouchoirs en papier de soie.

Avec le temps nous nous sommes « mis à la page ». Pourquoi fallait-il acheter des mouchoirs en papier alors que ceux que nous utilisions,  plus solides  nous permettaient des économies.

J'ai lu que c’est en 1924 que l’entreprise américaine Kimberley-Clarck inventa le Kleenex, un carré de papier destiné au démaquillage qui sera  détourné par le consommateur pour se moucher. Huit ans plus tard, en 1932 apparaissaient les premiers paquets de mouchoirs jetables.

En 1966, en Alsace, le Français Ferdinand Béghin  (à l’origine aussi de la marque de sucre Béghin-Say) transforme une ancienne cartonnerie en usine de mouchoirs à papier et lance la marque Lotus.

Le souvenir ému de Mme Cholet a poussé ma curiosité à savoir si son mouchoir existe toujours. J’ai appris qu’en 2003 Turpault, le dernier fabricant des fameux mouchoirs rouges de Cholet a « mis  la clef sous la porte ». Par contre le musée du textile choletais en produit  encore 25000 par an, tissés sur place.

Derniers conseils :

S’il fait chaud … rien de plus rafraichissant qu’un mouchoir trempé dans l’eau de la rivière posé sur la nuque.

Même s’il n’est pas d’une efficacité garantie le mouchoir peut vous aider à filtrer cette eau de la rivière qui vous fait envie.

Rien de plus pratique qu'un mouchoir pour remplacer le filtre de votre cafetière que vous avez oublié et qui vous fait défaut.

A bientôt

Pour en savoir beaucoup plus, cliquez sur l'image.!

VRIR -DECOUVRIR  -  DECOUVRIR  -  DECOUVRIR  -  DECOUVRIR -   

 "La curiosité ne se rassasie jamais de savoir. "

Dans ce numéro nous vous faisons part d'une de nos dernières découvertes : un mémorial de  des déportations des années quarante.

L'occasion de rappeler ces évènements tragiques.

Ces autres lectures peuvent aussi vous intéresser !